Appel à contributions : revue Scolia, “La règle dans les grammaires”

Appel à contributions : revue Scolia, “La règle dans les grammaires”

Appel à soumissions

Pour un numéro de SCOLIA à paraître en 2025 https://pus.unistra.fr/collection-revue/scolia/

https://journals.openedition.org/scolia/

AERES / HCERES – ERIH PLUS – Norwegian Register for Scientific Journals – ANVUR (classe A: Area 10, settore 10/G1: Glottologia e linguistica; classe A: Area 10, settore 10/H1 Lingua, letteratura e cultura francese) – MIAR – Journalbase – Mir@bel – Sign@l – Ovid Link Solver – ProQuest Summon – Cultures, Langues, Textes (CNRS) – ERIH (liste flamande) : VABB-SHS (niveau A1)

La règle dans les grammaires

Le projet de numéro que nous proposons correspond aux travaux conduits dans le cadre du séminaire du laboratoire HTL 2020-2022. Ce séminaire a porté sur la notion de règle dans les grammaires. Nous sommes partis de l’intuition selon laquelle les ‘règles’ sont probablement un des ingrédients fondamentaux, peut-être nécessaires (avec les exemples, les paradigmes flexionnels,…) – toutes les grammaires comportent des ‘règles’ comme elles comportent des ‘exemples’– de ces objets de discours singuliers que sont les grammaires de la tradition gréco- latine puis des traditions attachées à la description des vernaculaires qui en sont issues.

Cette approche de la notion de règle se situe dans le cadre de ce que l’on pourrait appeler, dans le prolongement des travaux de Sylvain Auroux (1998), l’hypothèse technologique: grammaires, dictionnaires, appareils scolaires, procédures d’apprentissage des langues et d’accès à l’univers de l’écrit varient dans l’espace et le temps, mais constituent un ensemble de savoirs et de savoir-faire qui se déploient dans une temporalité longue et s’adaptent à des « espaces » culturels et historiques variés. Le terme de « tradition » doit ici être entendu en termes de tradition technique : les descriptions des langues, les théories grammaticales et linguistiques peuvent certainement acquérir une dimension abstraite et spéculative éminente, elles n’en restent pas moins des prothèses de l’expertise humaine qui transforment cette dernière au moins autant qu’elles la reflètent. Dans cette mesure, l’histoire des idées linguistiques fait de la fameuse « fonction métalinguistique » des linguistes, non seulement une propriété des langues et des locuteurs, mais surtout une fonction « externalisée », une réalité empirique à dimension à la fois cognitive, socio-culturelle et politique. Comme les objets techniques de ce qu’on considère comme la culture matérielle, les produits de la grammatisation des langues (listes, paradigmes, grammaires, dictionnaires etc.) constituent, dans l’ordre des « technologies intellectuelles », des observatoires des langues qui ne font pas que refléter les règles de la communication, mais qui transforment profondément et activement son « écologie ».

Toutefois la permanence de ces objets discursifs, au moins dans la tradition gréco-latine puis européenne, ne garantit ni l’identité de leur statut ni celle de leur forme à l’échelle de la longue durée. Plus encore, il n’est pas certain que la prise en compte de la diversité des traditions confirme l’évidence intuitive qui nous sert de point de départ. Des générations de grammairiens sous toutes les latitudes et à toutes les époques ont certes œuvré pour dégager, préciser, simplifier, exposer, illustrer, exemplifier les régularités de la langue, ou de la pratique langagière visée par leurs travaux, mais pour autant écrivent-ils et élaborent-ils des règles ?

Le séminaire a proposé une exploration dans plusieurs traditions (en l’occurrence les traditions arabe, française, grecque, hébraïque, latine, russe, sanskrite, syriaque, tamoule) de la diversité des phénomènes qui peuvent être rassemblés sous cette notion, en s’intéressant en particulier aux trois grandes thématiques suivantes sous lesquelles nous avons rangé un ensemble (non exhaustif) de questions possibles :

  1. Langue idéale et langue réelle : comment s’articulent description et prescription dans l’élaboration de la règle ; projection ou rêverie d’une langue idéale (à construire, à préserver, à transmettre, à restaurer, etc.) ou d’une langue commune (à instituer) ? dans quelle mesure la règle est-elle le creuset de la fabrique de langue ? symétriquement quel est le statut de la faute, qu’est-ce qui la fonde, comment sont pensées (appréhendées, décrites, éventuellement justifiées) l’exception, la transgression ?
  2. Les grammairiens au travail : quelle(s) parties(s) de la grammaire sont concernées par les règles ? comment les grammairiens se représentent-ils et fabriquent-ils la règle ? comment sont-elles écrites dans les différentes traditions? comment sont-elles débattues, transmises, modifiées, au cours du temps ? quel est leur régime d’historicité ? comment leur rapport à l’histoire, leur inscription dans l’histoire sont-ils pensés ? comment et par quels moyens les grammairiens déterminent-ils, identifient-ils ce qui est régulier / fautif / poétique ? dans quel espace empirique (corpus fermé, usage(s)) ? comment les normes linguistiques s’inscrivent-elles dans le contexte des normes en circulation dans l’espace social (civilité, politesse…). Existe-il des modèles, des formats de règles qui caractérisent les traditions? Comment ces formats se sont-ils (éventuellement) diffusés dans le cas des grammaires étendues ?
  3. Epistémologie : comment s’articulent normes et règles (si l’on désigne par ce dernier terme seulement une forme du discours grammairien) ? quels types de norme fondent les règles des grammaires? quel est la source et le fondement de la légalité grammairienne et comment sont-ils pensés (corpus prestigieux, autorités, usage particulier symboliquement et/ou socialement dominant) ?

Coordination éditoriale : Anne Gondreux et Jean-Marie Fournier

Modalités de soumission

Les projets d’articles sont à envoyer sous forme de résumés aux coordinateurs du numéro (anne.grondeux@u-paris.fr ; jean-marie.fournier@sorbonne-nouvelle.fr). Ils seront écrits en français ou en anglais et comporteront entre 6000 et 9000 caractères, espaces compris (hors bibliographie, police Times 12). Seuls les résumés qui seront retenus (entre 6 et 8) donneront lieu à des soumissions d’articles pour la revue SCOLIA. Chaque article soumis respectera les consignes éditoriales de la revue et sera évalué, sous forme anonyme, par deux experts désignés par SCOLIA.

Calendrier

– Résumés

Date limite de réception : 15 décembre 2023 Notification d’acceptation aux auteurs : janvier 2024

– Articles

Date limite de réception : 1er juin 2024

Retour aux auteurs par les coordonnateurs du numéro : mi-juillet 2024

Réception des versions finales par le bureau éditorial de Scolia : septembre 2024

Retour après expertise scientifique en double aveugle : janvier 2025

Version définitive : février 2025

Correction des épreuves : mars 2025

Publication : fin juin 2025