Appel à communications : colloque Détermination grammaticale et sémantique : catégorisation, cognition et appropriation (mars 2024)

Appel à communications : colloque Détermination grammaticale et sémantique : catégorisation, cognition et appropriation (mars 2024)

Journées scientifiques internationales

Détermination grammaticale et sémantique : catégorisation, cognition et appropriation

27 & 28 mars 2024
Université de Picardie Jules Verne, Amiens, France

Argumentaire

En tant qu’éléments du processus de détermination, les déterminants sont plus que jamais au cœur de la recherche linguistique. Jusqu’à très récemment, les études se concentraient sur la distribution des unités déterminatives. Dans le cadre de la grammaire traditionnelle, le déterminant était considéré comme une classe purement grammaticale. Des approches plus récentes traitent la détermination non pas comme un phénomène grammatical ou distributionnel mais tendent à élargir le champ d’application théorique : à côté de l’approche distributionnelle (Guillaume, 1919) et de l’hypothèse DP (Abney 1987; Zribi-Hertz 2002), on trouve des études en sémantique (Chierchia 1998), énonciation (Culioli 1999), grammaire cognitive (Langacker 1991, 2008), grammaire de constructions (Goldberg 1995) ou grammaire fondée sur l’usage (Tomasello 2003). Cette diversité d’approches a conduit à de nombreuses divergences sur les questions de la description, la catégorisation et la fonction des unités déterminatives. Qu’est-ce qu’un déterminant ? Quels types d’unités appartiennent à la catégorie des déterminants ? A quelles catégories grammaticales ou autres appartiennent un déterminant donné ? Quel est le rôle exact d’un déterminant dans un syntagme nominal ? Que signifie l’absence d’un déterminant dans une référence nominale ? … Autant de questions qui incitent les chercheurs à se pencher sur l’expression de la détermination, afin de mieux cerner ce domaine foisonnant.

Parmi ces approches, la grammaire cognitive (desormais GC), est un courant relativement innovant en ce qu’elle propose une démarche plus « sémantique » pour appréhender les phénomènes langagiers. Pour décrire la construction du sens dans le discours, les tenants de cette approche proposent un éventail de dénominations en fonction de leurs convictions théoriques : « espaces mentaux » chez Fauconnier (1984), « structures conceptuelles » chez Langacker (1991), « représentations cognitives » chez Talmy (2000a, b). En ce qui concerne la détermination, aussi révolutionnaire soient-elles, certaines applications de l’approche cognitiviste sont teintées de fonctionnalisme : à titre d’exemple, la théorie d’ancrage situationnel (grounding) chez Langacker (1991, 2008) rejoint partiellement celle de la TOPE1 développée par Culioli (Gardelle 2022). Ce type d’entrecroisement théorique nous donne un regard neuf sur la détermination. En effet, l’orientation interdisciplinaire à la croisée de la psychologie et de la sociologie fournit également d’autres angles pour l’enseignement des langues étrangères et leur appropriation. S’écartant du modèle traditionnel basé sur les « règles et règlements » de l’enseignement (Littlemore 2011), la GC pourrait élucider certains phénomènes linguistiques nébuleux par le biais des capacités cognitives – plus précisément, les compétences conceptuelles selon Langacker – considérées comme un mécanisme d’acquisition des langues permettant aux apprenants de sortir des « limites » de leur langue première. Lorsqu’un individu apprend une langue étrangère, la cognition agit comme une « loupe » servant à « agrandir » sa propre logique, et c’est par la conceptualisation que l’on est capable de construire du sens. Par conséquent, la GC pourrait être utilisée dans l’enseignement des langues pour réduire les difficultés liées à l’appropriation des expressions de détermination, que ce soit en raison des interférences causées par la langue première ou de l’asymétrie du système de détermination entre la langue première et la langue cible.

L’objectif de ces journées scientifiques est de faire dialoguer différentes approches (émanant des écoles cognitivistes ou fonctionnalistes) pour explorer la question de la détermination. Une attention toute particulière sera accordée aux articles définis et indéfinis et à leur absence. Les études pourront porter, de manière non exhaustive, sur :

1) la catégorisation et/ou la fonction du déterminant ;
2) l’absence du déterminant dans la référence nominale ;
3) l’enseignement et l’apprentissage de l’expression de la determination dans une perspective interlinguistique.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES :

ABNEY, S. (1987). The English Noun Phrase in its Sentential Aspect. These de doctorat non publiee. Massachusets Institute of Technology.

CHABERT, E., GARDELLE, L. (2022). « La détermination nominale : enjeux d’une mise en dialogue des approches théoriques ». Corela, numero La détermination nominale au prisme de plusieurs approches linguistiques. Poitiers: Universite de Poitiers.

CHIERCHIA, G. (1998). « Reference to kinds across languages». Natural Language Semantics 6. p339-405.

CULIOLI, A. (1999). Pour une linguistique de l’énonciation : formalisation et opérations de repérage, tome 2. Paris : Ophrys.

FAUCONNIER, G. (1984). Espaces mentaux. Aspects de la construction du sens dans les langues naturelles. Paris: Minuit.

GARDELLE, L. (2022). « La détermination au prisme de la Grammaire Cognitive de Langacker ». Corela, numero La détermination nominale au prisme de plusieurs approches linguistiques. Poitiers: Universite de Poitiers.

GOLDBERG, A. (1995). Constructions: A Construction Grammar Approach to Argument Structure. Chicago: University of Chicago Press.

KLEIBER, G. (1990). L’article LE générique. La généricité sur le mode massif. Geneve: Droz.

LANGACKER, R. (1991). Foundations of Cognitive Grammar 2. Descriptive Application. Stanford, California: Stanford University Press.

LANGACKER, R. (2008). Cognitive Grammar: A Basic Introduction. Oxford and New York: Oxford University Press.

LITTLEMORE, J. (2011). Applying Cognitive Linguistics to Second Language Learning and Teaching. London: Palgrave Macmillan.

PRUVOST, J. (2016). « Avant-propos. — « Déterminant… », sans aucun doute ! ». Étude de linguistique appliquée, numero Le nom sans déterminant dansl’apprentissage des langues non premières. Paris : Didier Erudition Klincksieck.

TALMY, L.(2000a). Toward a Cognitive Semantics, volume I: Concept structuring systems. i-viii, p1-565. Cambridge: MIT Press.

TALMY, L.(2000b). Toward a Cognitive Semantics, volume II: Typology and process in concept structuring. i-viii, p1-495. Cambridge: MIT Press.

TOMASELLO, M. (2003) Constructing a Language: A Usage-Based Theory of Language Acquisition. Cambridge, MA: Harvard University Press.

VICTORRI, B. (2004). « Les grammaires cognitives ». La linguistique cognitive. Paris :Ophrys, p.73-98.

WEN, Q. (2013). Cognitive Linguistics and Second Language Teaching. Beijing: Foreign language teaching and research Press.

ZRIBI-HERTZ, A. (2002). « The DP hypothesis and the syntax of identification ». Recherches linguistiques de Vincennes. Paris: Presses universitaires de Vincennes. < http://journals.openedition.org/rlv/428 >.

Modalités de soumission :

Un résumé, au format WORD, d’environ 500 mots (et cinq mots clés) en français ou en anglais, suivi d’une bibliographie selective, à :
HUANG Sa : sa.huang@etud.u-picardie.fr et PRESCOD Paula : paula.prescod@u- picardie.fr

Langues de l’évènement : français, anglais. Toutefois, il n’y a aucune limite sur les langues à étudier.

Calendrier :

Date limite de soumission de la proposition de communication : le 8 septembre 2023

Date de notification des résultats de la sélection des propositions : le 6 octobre 2023

Date de l’évènement : le 27 & 28 mars 2024
Format de la journée d’étude : Mode hybride depuis l’Université de Picardie Jules Verne, Amiens, France

Conférencière invitée

GARDELLE Laure, Professeur des universités, linguistique anglaise
Titre provisoire : La distinction entre absence de déterminant et présence d’un déterminant défini dans les généralisations en anglais

Comité d’organisation :

HUANG Sa : sa.huang@etud.u-picardie.fr 

PRESCOD Paula : paula.prescod@u-picardie.fr

Comité scientifique :

• ARSLANGUL Arnaud, INALCO, France
• GARDELLE Laure, Universite Grenoble Alpes, France
• KNITTEL Marie-Laurence, Universite de Lorraine, France
• JANSEN Silke, Friedrich-Alexander-Universite, Erlangen-Nuremberg, Allemagne • KUO Jenny Yi-chun, Universite Nationale de Chiayi, Taiwan
• LE BRUYN Bert, Universite d’Utrecht, Pays-Bas
• LEBAS-FRACZAK Lidia, Universite Clermont Auvergne, France
• MARI Alda, Institut Jean Nicod CNRS, France
• ROBERT Jean-Michel, Universite de Picardie Jules Verne, France
• SUN Hongyuan, Universite de Picardie Jules Verne, France
• TOUSSAINT Daria, Universite de Caen, France