Appel : Le R dans la Romania : système, variation et changement

Appel : Le R dans la Romania : système, variation et changement

Cher.e.s collègues,

je vous envoie l’appel à contributions pour une section intitulée

Le R dans la Romania :
système, variation et changement

que je co-organise au prochain “Romanistentag” à Augsburg (Allemagne) qui est prévu pour le 04.-07/10/2021.

Indépendamment de la question si la pandémie permettra ou non un congrès en présentiel, nous prévoyons une publication en anglais avec une évaluation anonyme par des pairs.

Merci d’adresser vos résumés dans une langue romane,

en allemand ou en anglais à elissa.pustka@univie.ac.at.

Date limite : 30/01/2021

Max. 600 mots

Cordialement,

Elissa Pustka

 

Elissa Pustka (Wien) / Eva Remberger (Wien) / Fernando Sánchez-Miret (Salamanca)

 

Le R dans la Romania :
système, variation et changement

 

Les rhotiques forment un groupe de sons particulier : ils sont relativement isolés du reste du système de phonèmes, ils sont acquis relativement tard (Jakobson 1962) et se trouvent selon Trubetzkoy « en dehors des séries de localisations » (1939 : 131). C’est probablement la raison pour laquelle ils présentent une variation phonétique aussi importante dans les langues du monde : au niveau du mode d’articulation (vibrantes simples et multiples, fricatives, approximantes, etc.), du lieu d’articulation (alvéolaire, uvulaire, etc.) et de la sonorité (même si généralement voisés,  il peuvent aussi être sourds) ; s’ajoutent à cela les vocalisations et les élisions (cf. Van de Velde/van Hout 2001, Wiese 2011). Cela en fait une excellente ressource d’expression d’identités sociales (cf. Celata/Meluzzi/Ricci 2016). Par conséquent, les sons du type R changent aussi particulièrement souvent au cours de l’histoire des langues. Jusqu’à aujourd’hui, on cherche à expliquer le changement pan-européen de la vibrante multiple alvéolaire [r] (notamment en latin) à la fricative uvulaire [ʁ] au 17ème siècle (en particulier en français, mais aussi en allemand ; cf. Göschel 1971) ; on rencontre par ailleurs la variante [ʁ] au Brésil et à Puerto Rico (cf. Graml 2009). Il se pose finalement la question de savoir pourquoi les rhotiques s’élident dans une partie des langues et variétés dans certaines positions phonotactiques – en particulier en coda (cf. Pustka 2012) – et pourquoi ils subsistent dans d’autres (cf. Sánchez-Miret 2012).

Dans une perspective théorique, on est confronté au problème de l’identité du ou des R : Comment ces réalisations si différentes du point de vue articulatoire sont-elles reliées pour former une seule représentation cognitive ? Cette unité surprenante se reflète dans la graphie, avec le graphème <r> de l’alphabet latin et le rho <ρ> du grec – d’où le nom rhotiques (cf. Wiese 2011). Des études psycholinguistiques montrent même que les représentations des /r/ souvent élidés se développent uniquement à partir de l’apprentissage de la graphie (cf. Chevrot/Beaud/Varga 2000). Lindau (1985) a proposé pour ce ‘caméléon’ (cf. Wiese 2003 : 41) un modèle cognitif prototypique dans lequel les différentes variantes phoniques sont reliées par un réseau de traits partagés. Un tel modèle pourrait servir à la comparaison de langues et de variétés (p. ex. pour délimiter /r/ de /l/, /w/ et /χ/) et à l’identification de trajets diachroniques (processus de fortition et de lénition dans différentes positions syllabiques). Il faudrait ajouter la possibilité d’avoir deux sons du type R en opposition phonémique, comme /ɾ/ : /r/ en espagnol et en catalan. Les langues romanes avec leurs variétés européennes et non-européennes offrent un terrain de recherche prometteur pour tester ce modèle, le perfectionner et apporter ce faisant une contribution à la linguistique générale.

L’objectif de la section est de concentrer la recherche actuelle sur les rhotiques dans les langues romanes, en réunissant les perspectives de la phonétique, de la phonologie, de la psycholinguistique, de la sociolinguistique, de la dialectologie et de l’histoire de la langue. Ce faisant, nous traiterons les thèmes suivants :

  • – Méthodes phonétiques et phonologiques permettant de délimiter les rhotiques
  • – Documentation empirique des rhotiques de différentes communautés linguistiques dans la Romania, y compris les créoles à base romane
  • –   Études contrastives entre les langues romanes et d’autres langues (notamment l’allemand et l’anglais), études de l’acquisition de la L1 et de l’apprentissage des langues étrangères, y compris des aspects cliniques et didactiques
  • –      Variation des rhotiques au sein des systèmes linguistiques des locuteurs individuels en fonction de facteurs phonotactiques, lexicaux et sociolinguistiques
  • –      Changement des rhotiques dans les langues romanes et leur diffusion dans l’espace, aussi au-delàdes frontières linguistiques
  • –      Modélisation théorique de la classe ou des classes des rhotiques

 

Merci d’adresser vos résumés dans une langue romane,

en allemand ou en anglais à elissa.pustka@univie.ac.at.

Bibliographie

Celata, Chiara / Meluzzi, Chiara / Ricci, Irene (2016). „The sociophonetics of rhotic variation in Sicilian dialects and Sicilian Italian: corpus, methodology and first results”. Loquens 3/1. (doi: http://dx.doi.org/10.3989/loquens.2016.025)

Chevrot, Jean-Pierre / Beaud, Laurence / Varga, Renata (2000). „L’apprentissage des unités phonologiques variables: l’exemple du /R/ post-consonantique final en français”. Linx 42: 89-100.

Göschel, Joachim (1971). „Artikulation und Distribution der sogenannten Liquida r in den europäischen Sprachen”. Indogermanische Forschungen 76: 84-126.

Graml, Carolin (2009). Puerto, RICO en Variación: Variation socio-phonétique et son auto- et hétérosurveillance par les locuteurs – le cas de la vélarisation du /r/ en espagnol portoricain. Dissertation. München, LMU München.  

Jakobson, Roman (1962). Kindersprache, Aphasie und die allgemeinen Lautgesetze. Frankfurt am Main, Suhrkamp.  

Lindau, Mona (1985). „The story of /r/”. In: Victoria A. Fromkin, ed., Phonetic Linguistics. London, Academic Press: 157-168.  

Pustka, Elissa (2012). „Le caméléon dans la jungle sonore: variations du r en Guadeloupe”. In: André Thibault, ed., Le français dans les Antilles: études linguistiques. Paris, L’Harmattan, 271-311. 

Sánchez-Miret, Fernando (2012). „La història de /-r/ en català: perspectiva romànica”. In: Joan Veny / José Enrique Gargallo Gil, edd., La lingüística romànica al segle XXI. Barcelona, Institut d’Estudis Catalans: 27-60. 

Trubetzkoy, Nikolaus (1989) [1939]. Grundzüge der Phonologie. Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht.  

Van de Velde, Hans / van Hout, Roeland, edd. (2001). ‘r-atics’. Sociolinguistic, phonetic and phonological characteristics of /r/. Bruxelles, ILVP/ULB.

Wiese, Richard (2003). „The Unity and variation of (German) /r/”. Zeitschrift für Dialektologie und Linguistik70: 25-42.

 

Wiese, Richard (2011). „The Representation of Rhotics”. In: Marc van Oostendorp et al., edd., The Blackwell Companion to Phonology. Malden/Oxford, Blackwell: vol. 1, 711-729.



Univ.-Prof. Dr. habil. Elissa Pustka M.A., Dipl.-Journ.

Institut für Romanistik

Universität Wien

Universitätscampus AAKH, Hof 8

Spitalgasse 2

A-1090 Wien

T: +43-1-4277-426 49

elissa.pustka@univie.ac.at

http://homepage.univie.ac.at/elissa.pustka/