Appel à contribution: Superlatifs et définitude – Scolia 2021

Appel à contribution: Superlatifs et définitude – Scolia 2021

https://journals.openedition.org/scolia/1042

Superlatifs et définitude

à paraître dans SCOLIA 2021

Coordination éditoriale
Marleen Van Peteghem, Université de Gand – Belgique

Modalités de soumission
Les projets d’articles sont à envoyer sous forme de résumés à la coordinatrice du numéro (marleen.vanpeteghem@ugent.be). Ils seront écrits en français ou en anglais et comporteront entre 6 000 et 9 000 caractères, espaces compris (hors bibliographie, police Times 12).

Seuls les résumés qui seront retenus (entre 6 et 8) donneront lieu à soumission d’article pour publication. Chaque article soumis respectera les consignes éditoriales de la revue et sera évalué anonymement par deux experts désignés par SCOLIA.


Calendrier

Résumés
Date limite de réception : 15 décembre 2019
Notification d’acceptation aux auteurs : janvier 2020

  Articles
     Date limite de réception : 1er juin 2020
Retour aux auteurs : mi-juillet 2020
Réception des versions finales : septembre 2020

Dans beaucoup de langues, le superlatif est accompagné de l’article défini. C’est le cas dans des langues comme le français, où le superlatif emprunte sa marque de degré au comparatif et où la présence de l’article défini permet de distinguer le superlatif du comparatif (Pierre est le plus intelligent vs Pierre est plus intelligent), mais également dans des langues telles que l’anglais, où le superlatif a ses marques propres et n’a pas besoin de l’article défini pour être distingué du comparatif (cf. –est vs er, ex. John climbed the highest mountain vs John climbed a higher mountain).

Le but de ce numéro thématique de SCOLIA est d’explorer le lien entre le superlatif et la définitude. Il s’agira en premier lieu d’étudier, dans une ou plusieurs langues, les contraintes distributionnelles sur cet article avec le superlatif. Ainsi, on observe des différences importantes à cet égard dans les langues romanes. En français et en roumain l’article défini est précédé de l’article dans tous les types d’emplois du superlatif, même dans ceux qui ne sont pas adjectivaux (cf. comme adverbe dans Pierre a travaillé le plus, ou comme déterminant dans Pierre a lu le plus de livres). Ces données vont à l’encontre de l’hypothèse de Matushansky (2008) selon laquelle la présence de l’article implique celle d’une tête nominale vide dans les syntagmes comportant un superlatif. Par contre, en italien et en espagnol l’article défini ne peut être présent qu’avec les superlatifs modifiant des adjectifs, et encore seulement dans certaines positions syntaxiques (cf. Coppock & Strand, 2018). Faut-il en conclure que dans certaines langues, comme le français ou l’anglais, l’article fait partie du marquage du superlatif et constitue donc, avec le marqueur de degré, un morphème discontinu du superlatif (cf. Szabolcsi, 1986 ; Krasikova, 2012 vs Croitor & Giurgea, 2016) ? Mais comment alors expliquer l’optionalité de l’article dans certains cas (cf. Jan ran (the) fastest, voir Krasikova, 2012) ou son absence (cf. son statut de meilleur joueur au monde) dans les langues où il semble être morphématique?

Un autre problème concerne le sémantisme de l’article défini accompagnant les superlatifs. Exprime-t-il toujours la définitude ou faut-il admettre, avec Szabolcsi (1986) et Heim (1999), qu’il a une valeur différente selon l’interprétation du superlatif : définie avec les superlatifs absolus (cf. Jean a escaladé la montagne la plus haute [du monde]), indéfinie avec les superlatifs relatifs (cf. Jean a escaladé la montagne la plus haute [en comparaison avec Pierre et Paul]) ? Ou l’article est-il toujours défini dans la mesure où il véhicule une présupposition d’unicité, mais pas de présupposition d’existence (Coppock & Beaver, 2014, voir aussi Kleiber, 1992) ? L’unicité véhiculée par l’article est-elle celle d’un référent dans le cas des superlatifs absolus et d’un degré dans les superlatifs relatifs, comme le soutient Krasikova (2012) ? Comment rendre compte alors des superlatifs au pluriel (Jean et Paul sont les plus intelligents du groupe, cf. Fitzgibbons, Sharvit, & Gajewski, 2008) ? Et comment expliquer que l’interprétation superlative peut être obtenue avec des SN indéfinis (cf. Chaque fille a un meilleur ami, un petit ami et un amoureux, voir Herdan & Sharvit, 2006), et qu’inversement certains SN définis donnent lieu à une interprétation comparative (cf. les toujours plus draconiennes normes d’hygiène) ?

Nous vous invitons à soumettre des travaux qui abordent une ou plusieurs de ces questions ou toute autre question liée à la définitude des superlatifs, en français ou dans d’autres langues, dans une perspective synchronique ou diachronique. Seront également les bienvenues les contributions portant sur des langues sans articles mais présentant une homonymie entre superlatifs et comparatifs, ainsi que des études sur d’autres types d’emplois du superlatif où la présence de l’article pose des problèmes (cf. au moins, au mieux, au plus tard). Comme le superlatif a donné lieu surtout à des études théoriques, se basant essentiellement sur les données de l’anglais, la priorité sera donnée aux études qui s’appuient sur des données nouvelles provenant de diverses langues.

Bibliographie

Coppock, E., & Beaver, D. (2014). A superlative argument for a minimal theory of definiteness. Semantics and Linguistic Theory, 24, 177-196.

Coppock, E., & Strand, L. (2018). « Most » vs. « the most » in languages where « the more » means « most ». In Definiteness Across Languages. Language Science Press.

Croitor, B., & Giurgea, I. (2016). Relative superlatives and Deg-raising. Acta Linguistica Hungarica, 63(4), 411-442.

Fitzgibbons, N., Sharvit, Y., & Gajewski, J. (2008). Plural superlatives and distributivity. Semantics and linguistic theory, 18, 302-318.

Heim, I. (1999). Notes on superlatives. ms., MIT.

Herdan, S., & Sharvit, Y. (2006). Definite and nondefinite superlatives and NPI licensing. Syntax, 9(1), 1-31.

Kleiber, G. (1992). Article défini, unicité et pertinence. Revue romane, 27(1), 61–89.

Krasikova, S. (2012). Definiteness in superlatives. In: Aloni M., Kimmelman V., Roelofsen F., Sassoon G.W., Schulz K., Westera M. (eds), Logic, Language and Meaning. Berlin, Heidelberg : Springer, 411-420.

Matushansky, O. (2008). On the attributive nature of superlatives. Syntax, 11(1), 26-90.

Szabolcsi, A. (1986). Comparative superlatives. MIT Working Papers in Linguistics, 8, 245265.