Diachro 12 – Le français en diachronie
10-12 juin 2026 – Université Sorbonne Nouvelle
Le colloque DIACHRO réunit tous les deux ans la communauté internationale des linguistes et des philologues qui travaillent sur les évolutions et les changements qu’a connus le français de ses origines à nos jours. Il constitue un lieu de réflexion et de discussion autour des recherches novatrices sur les phénomènes de changement en français, quelles que soient la période considérée et l’approche théorique et méthodologique.
Pour sa douzième édition, le colloque DIACHRO se tiendra à l’Université Sorbonne Nouvelle (Paris). Toute contribution consacrée à la diachronie du français sera prise en compte mais l’on privilégiera cependant les trois thématiques suivantes :
Voir document ci -joint : AAC Diachro 12
1. Edition des textes et linguistique historique
La philologie entendue comme science de l’édition des textes est née en même temps que la grammaire historique, au 19esiècle (Timpanaro 2016 [1963]). Le lien entre les deux disciplines s’est distendu à partir du milieu du 20e siècle : l’édition destextes, surtout en France, a délaissé ses exigences linguistiques pour se rapprocher de plus en plus des études littéraires ; la linguistique diachronique, quant à elle, se structurant comme une discipline à part entière, s’est éloignée de la philologie.
L’édition des textes n’a toutefois pas fini de prouver son utilité pour la linguistique historique et diachronique. D’une part,les grandes bases de données informatisées sont nécessairement enrichies au moyen d’éditions (BFM, DMF, DocLing, Frantext). D’autre part, certains faits linguistiques ne peuvent être correctement appréciés qu’à l’aune d’une étude qualitative via la consultation directe des éditions, voire des supports originels (manuscrits médiévaux, imprimés anciens et textes documentaires de toute époque) ; cela est vrai en particulier pour la graphématique (Parussa/Cazal 2020), mais peut être pertinent aussi pour certainesquestions syntaxiques et surtout pour la morphologie telle qu’on peut la reconstituer grâce au code graphique. Ces dernières années ont d’ailleurs vu le développement de réflexions critiques ou de synthèses sur l’interaction entre philologie et linguistique (Trotter 2015 ; Duval/Guillot-Barbance/Zinelli 2019).
Nous encourageons des communications théoriques et méthodologiques sur le rôle de l’édition des textes dans l’étude d’états anciens de la langue et du changement linguistique. Les propositions pourront porter sur les aspects suivants, la liste n’étant pas exhaustive :
- L’édition de textes documentaires médiévaux et/ou postmédiévaux, longuement délaissés au profit des texteslittéraires, mais qui peuvent grandement enrichir notre connaissance de la langue du passé (MACINTOSH ; Videsott 2015).
- L’interaction entre éditions critiques et grandes bases de données, avec une attention particulière à la préparation d’éditions électroniques (Duval 2017).
- Des méthodologies nouvelles ou renouvelées de l’édition des textes littéraires médiévaux (Parussa 2010).
- Les réflexions théoriques sur l’usage que l’on peut faire des éditions pour l’étude du changement linguistique (Wilhelm 2013).
Les communications devront comporter des références au français, mais des approches comparatistes sont encouragées.
2. Délimitation du français moderne
Les travaux portant sur la périodisation du français concernent prioritairement les états anciens de la langue et ont en particulier abouti à la délimitation du français dit préclassique (Ayres- Bennett/Caron 2016 ; GGHF chap. 4), mais la structurationdes différentes périodes du français au-delà du 17e siècle reste encore peu étudiée. Ce colloque souhaite ainsi discuter la délimitation du français traditionnellement appelé « français moderne », par rapport au français classique d’une part et au françaiscontemporain d’autre part. Il s’agit donc d’examiner s’il existe des critères permettant d’observer un changement suffisamment marqué pour poser le passage d’un état de langue à un autre, du français classique au français moderne ou du français moderne au français contemporain.
Les communications proposées pourront s’inscrire dans différents domaines :
- En syntaxe ou en morphosyntaxe : elles pourront, entre autres, s’intéresser à l’évolution de la cohésion des groupessyntaxiques et au développement de la phrase moderne (Siouffi et 2020), ainsi qu’aux changements affectant l’emploi des tempsou des modes verbaux, notamment du subjonctif (Becker 2010 ; Kragh 2015).
- En pragmatique historique : dans le prolongement des travaux traitant de l’évolution de marqueurs discursifs ou de modalisateurs (Badiou-Monferran/Capin 2024 ; Lefeuvre 2024 ; Rodríguez Somolinos 2016 ; Steuckardt 2015 ; Waltereit 2007) ou portant sur des actes de langage particuliers (Denoyelle 2018), on pourrait s’interroger sur le rôle des changements d’ordrepragmatico- énonciatif dans la délimitation de la période du français moderne.
- En sociolinguistique historique : la difficulté de distinguer des intervalles temporels se pose lorsque l’on envisage le « français moderne » et les jalons qui le précèdent ou qui le suivent à l’aune de la différenciation sociale et/ou régionale, plus oumoins marquée selon les époques et, surtout, mal attestée en raison des rares textes « from below » à disposition (Elspass 2021). Les propositions pourraient porter sur de nouvelles sources examinées où seraient représentées la variation sociale et la variation régionale, mises en rapport avec la périodisation.
Il est de ce fait également envisageable de s’interroger sur la valeur scientifique réelle de la dénomination « français moderne », suffisamment installée pour constituer le nom de la revue de linguistique éditée par le CILF (http://www.le-francais-moderne.com/) et sur le degré de cohérence attribué à l’état de langue qu’elle suppose (Klinkenberg 1993).
3. Stabilité(s) linguistique(s)
L’objectif de cet axe est de faire dialoguer l’histoire du changement linguistique avec celle des différents facteurs, modes et formes de stabilité linguistique, en prenant pour observatoire le français, dans son rapport ou non avec les autres langues romanes. À la suite des travaux des typologues, on comprendra la « stabilité » non pas au sens d’« immutabilité », mais de caractéristiquepartagée par des faits de langue « plus résistants au changement, à la disparition, ou à l’hybridation par emprunt que d’autres » (Nichols 2003 : 284, notre trad. fr.), et qui, ce faisant, constituent des invariants traversant les époques. La réflexion pourra emprunter plusieurs directions :
- Celle de la place et du statut conférés à la question de la stabilité dans les différentes approches du changement linguistique, notamment, mais sans exclusive : l’émergence, la grammaticalisation, la grammaire de construction, la pragmaticalisation, la psychomécanique ou encore, la transcatégorisation.
- Celle de son rendement pour les différents domaines de la linguistique diachronique : graphématique segmentale et suprasegmentale, morphologie verbale et lexicale, syntaxe, phonologie, sémantique lexicale et grammaticale (Franckel 2002 ; Lowrey/Toupin 2010 ; Honeste 2011 ; Koch/Winter-Froemel 2020 ; Badiou-Monferran, dir., 2020 ; Donon 2024) ;
- Celle de ses formats statiques vs dynamiques, impliquant notamment, du côté des formats statiques, les notions de « vieillesse » et de « vieillissement dans la langue » (Steuckardt/Dostie/Dal Bo 2025), d’« archaïsme » et de « résurgence » (Klinkenberg 1970 ; Neveu 2010), ou encore de « trace » et de « résidu » (Badiou-Monferran/Capin 2024 ), et, du côté des formats dynamiques, les notions d’« exaptation » (Marchello-Nizia 2015), de « rémanence » (Badiou- Monferran 2020) et de « transcatégorisation » (Capin 2021, 2023 ; Capin et al. 2020);
- Celle de ses « imaginaires » (au sens de Houdebine 2015) : dans la mouvance des travaux récents sur les « traces » du français médiéval – ou encore, sur la « rémanence » du français classique – en régime d’écriture moderne ou contemporaine (Gally 2000 ; Koble/Séguy 2019 ; Petit et al. 2024 ; Vermander à par.), une place sera faite aux propositions décrivant comment des états de langue passés peuvent alimenter des imaginaires linguistiques – inconscients ou concertés – plus récents. Inversement, seront également bienvenues les propositions décrivant en quoi les descriptions linguistiques du français contemporain – par exemple, celles de la syntaxe de l’oral – peuvent orienter nos représentations des étatsde langue anciens dans le sens d’une continuité plus ou moins réelle – par exemple, entre le français parlé d’hier et d’aujourd’hui (Ayres-Bennett 2020 ; Vermander 2020).
Les communications pourront prendre la forme d’un questionnement théorique et/ou d’une étude de cas.
Les propositions devront comporter jusqu’à 1000 signes espaces compris, bibliographie exclue et devront être envoyées avant le 15 septembre 2025 à l’adresse diachro12@sorbonne-nouvelle.fr en deux fichiers séparés : dans l’un il y aura le titreproposé et le résumé, dans l’autre le titre et le nom de l’auteur.
Conférences plénières
Conférence d’ouverture : Sophie Prévost (CNRS)
Axe Édition des textes et linguistique historique : Gabriella Parussa (Sorbonne Université)
Axe Délimitation du français moderne : Jean-Marie Klinkenberg (Université de Liège)
Axe Stabilité(s) linguistique(s) : Daniela Capin (Université de Strasbourg)
Comité scientifique
Antonella Amatuzzi (Université de Turin)
Wendy Ayres-Bennett (Universitéde Cambridge)
Anne Carlier (Sorbonne Université)
Paola Cifarelli (Université de Turin)
Maria Colombo Timelli (Université de Milan)
Bernard Combettes (Université de Lorraine)
Corinne Denoyelle (Université Grenoble Alpes)
Joëlle Ducos (Sorbonne Université)
Frédéric Duval (Ecole nationale des chartes)
Antoine Gautier (Sorbonne Université)
Julie Glikman (Université de Lorraine)
Céline Guillot (ENS de Lyon)
Florence Lefeuvre (Université Sorbonne Nouvelle)
Elena Llamas Pombo (Université de Salamanque)
Amalia Rodríguez Somolinos (Université Complutense de Madrid)
Marta Saiz Sánchez (Université Complutense de Madrid)
Anne Schoysman (Université de Sienne)
Gilles Siouffi (Sorbonne Université)
Carine Skupien Dekens (Université de Neuchâtel)
Olivier Soutet (Sorbonne Université)
Agnès Steuckardt (Université Paul Valéry – Montpellier III)
André Thibault (Sorbonne Université)
Richard Waltereit (Université Humboldt de Berlin)
Raymund Wilhelm (Université de Klagenfurt)
Chantal Wionet (Université d’Avignon)
Comité d’organisation
Claire Badiou-Monferran
Myriam Bergeron-Maguire
Evelyne Oppermann-Marsaux
Andrea Valentini
Pierre Vermander
Lieux du colloque
Université Sorbonne Nouvelle
Site Nation : 8, avenue de saint Mandé, 75012, Paris Maison de la Recherche : 4, rue desIrlandais, 75005, Paris
Calendrier
Soumission des propositions 15 septembre 2025
Réponses aux auteurs 15 décembre 2025
Programme définitif 15 janvier 2026
Frais d’inscription
100€ pour les titulaires
50€ pour les doctorants et les non-titulaires
Courriel : diachro12@sorbonne-nouvelle.fr