Appel à contributions : colloque “Lexiques, lexicons, Lexie”, 16-18 décembre 2026, Nancy

Appel à contributions : colloque “Lexiques, lexicons, Lexie”, 16-18 décembre 2026, Nancy

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L’Axe disciplinaire « Lexique » du laboratoire Analyse et Traitement Informatique de la Langue française (ATILF – CNRS/UL – UMR 7118) organise un Colloque international consacré à la thématique « Lexiques » du 16 au 18 décembre 2026 à Nancy (France).

Cette manifestation scientifique vise à rassembler et à faire échanger chercheuses et chercheurs, juniors et expérimenté.e.s, sur des problématiques de recherche actuelles relevant d’un champ disciplinaire qui occupe une place centrale en Sciences du langage, et par-delà s’avère primordial dans la communication et dans les relations humaines.

La thématique du colloque est pensée de manière à inclure le plus largement possible des recherches touchant aux différentes (sous-)disciplines des sciences du langage, et impliquant des éclairages aussi bien théoriques et empiriques que des discussions méthodologiques dans le domaine. S’entrecroiseront, pour chacune des sous-thématiques du colloque, des approches diachroniques et synchroniques, des études de corpus ou de terrain, des analyses en contexte monolingue, bilingue et multilingue. Les interventions pourront relever, en premier lieu mais pas exclusivement, de la morphologie, de la syntaxe, de la sémantique, de l’analyse du discours et de l’étymologie.

Sous-thématiques du colloque « Lexiques »

Terminologie et langues de spécialité : Des études onomasiologiques et sémasiologiques sur des corpus de spécialité permettent de réfléchir à la relation entre termes et concepts dans un domaine spécifique (voir la définition de la terminologie selon ISO 1087-2019). Dans le domaine de la santé, le cas d’usage de l’orthophonie, en tant que discipline théorique et pratique, est particulièrement enrichissant. D’une part, l’étude des erreurs lexicales produites par les patientes et patients nous renseigne sur la construction interne du lexique. D’autre part, le processus diagnostique mobilise des représentations des normes de langage, des terminologies et des classifications actuelles, qui varient selon les langues, les époques et les pays. Les diverses tentatives d’harmonisation soulèvent par ailleurs des questions de méthodologie, tant au plan du recueil et de la constitution de données, de leur organisation et leur analyse, outillée ou non, que de la diffusion des résultats et leur adoption.

Nous invitons les spécialistes du monde professionnel et du monde de la recherche à soumettre des propositions sur les thématiques suivantes (liste non exhaustive), préférentiellement dans le domaine de la santé et de la recherche paramédicale. Les propositions relatives à l’orthophonie seront particulièrement appréciées.

1. Termes diagnostiques et standardisation du vocabulaire professionnel : méthodes de collecte et de standardisation terminologique (Bishop et al., 2017, Stringer et al., 2024), modèles actuels en terminologie clinique et implications pour la pratique

2. Terminologie multilingue : stratégies pour la traduction et l’adaptation des termes (notamment diagnostiques) à différentes langues et contextes culturels. Exploration des termino-ontologies, apports des modèles de traitement du langage (LLM) et de l’intelligence artificielle (IA), ainsi que de l’utilisation de thesaurus et d’ontologies comme SNOMED-CT (Leclercq de Lannoy et al., 2022)

3. Analyse du lexique en pratique clinique : méthodes et résultats d’études portant sur les réalisations lexicales des patients enfants ou adultes (Vezzani & Costa, 2024 ; Brin-Henry & Namer, 2023), analyse critique des items utilisés dans les tests d’évaluation et réflexion sur l’impact des normes dans les processus diagnostiques (Da Silva et al., 2020)

4. Etymologie d’un ou de plusieurs termes dans le domaine de la santé, dans une seule langue ou dans plusieurs d’entre elles.

Polysémie et Ambiguïté : La polysémie peut se définir comme l’existence de plusieurs signifiés pour un même signifiant et les relations de copolysémie que ces signifiés entretiennent entre eux au sens de Polguère (2016) par exemple. La polysémie est un phénomène massif dans les langues (Kleiber, 1999 ; Lehmann et Martin-Berthet, 2018). Ce caractère massif du phénomène transparaît notamment au sein des ressources lexicales et lexicographiques disponibles. Dans les interactions langagières cependant, les avis sont partagés sur l’existence ou non du phénomène d’ambiguïté induit (Victorri et Fuchs, 1996 ; Kleiber, 2008). Bien que différents, les phénomènes de la polysémie et de l’ambiguïté se rejoignent dans les corpus lors de l’analyse du sens lexical. Face aux phénomènes de la polysémie et de l’ambiguïté, les approches référentielles et lexicales délimitent un continuum dans lequel s’inscrivent les travaux développés pour la désambiguïsation lexicale en contexte, que la tâche s’appuie sur l’humain ou le traitement automatique des langues.

Les contributions attendues s’inscriront dans les différentes problématiques associées : descriptions de polysémie, expériences et méthodologies de désambiguïsation.

Modélisation du lexique : On entend ici par modélisation du lexique les travaux visant (i) la construction de modèles lexicaux de tout type – notamment, dictionnaires (y compris les dictionnaires étymologiques, cf. Buchi 2016), bases de données lexicales, réseaux lexicaux – et (ii) l’utilisation de ces modèles dans divers contextes applicatifs – p. ex., étude lexicologique, enseignement / apprentissage du vocabulaire, traitement automatique des langues, annotation de corpus.

Au vu de l’état actuel de la recherche, seront tout particulièrement attendues des propositions traitant de l’intégration au sein de mêmes modèles de divers aspects de la connaissance lexicale

1. intégration du lexique spécialisé dans le lexique dans la langue générale,
2. modélisation intégrée de la phraséologie, etc.

Phraséologie : Longtemps considérée comme un sous-domaine de la lexicologie, la phraséologie a connu ces dernières décennies une extension considérable, avec en particulier la réalisation croissante du caractère massif de l’idiomaticité (Erman & Warren 2000). Ce constat conduit à une conception étendue de la phraséologie (Legallois & Tutin 2013) relativisant la notion de figement, et intégrant l’étude d’objets linguistiques dans leurs dimensions syntaxiques, sémantiques et pragmatiques (cf. p. ex. Gautier, Modicom & Vinckel-Roisin 2018). Une telle approche, monolingue ou contrastive, des unités polylexicales (multiword-units), collocations, colligations / moules phraséologiques et idiomes, profite grandement de l’évolution technologique et des outils de la linguistique de corpus et computationnelle (Bubenhofer 2009 ; Corpas Pastor & Mitkov 2019), en même temps que de développements théoriques tels que les grammaires de construction, particulièrement adaptées au traitement des unités phraséologiques telles qu’appréhendée par la phraséologie dans sa conception étendue (Colson 2019 ; Kauffer & Keromnes 2022 ; Mellado Blanco, Mollica & Schafroth 2022). Si la notion de lexique demeure centrale au sein de la phraséologie ainsi conçue, on voit qu’elle ne doit pas être comprise comme limitative. C’est donc dans ce cadre actuel, étendu et renouvelé, de la phraséologie (y compirs dans les langues de spécialité) que nous attendons des propositions de communications portant en particulier, mais non exclusivement, sur les phénomènes mentionnés ci-dessus.

Traitement automatique des langues : Le traitement automatique des langues (TAL) connaît actuellement un engouement sans précédent avec des avancées majeures dans des tâches telles que la traduction automatique ou plus généralement la génération de texte répondant à une requête précise en langue naturelle. Cette révolution vient du développement et l’exploitation de modèles de langue (génératifs) appris sur de gigantesques volumes de textes (cf. p. ex. Devlin et al. 2019). Malgré ces avancées, il subsiste certaines zones d’ombre, notamment la question de savoir ce que ces modèles encodent linguistiquement, même si de nombreux travaux se sont penchés sur cette question, par exemple au niveau de la sémantique lexicale (cf. p. ex. Vulic et al. 2020, Lin et al. 2022). Par ailleurs, ces nouveaux modèles restent encore peu exploités pour la recherche en linguistique malgré leur potentiel (cf. p. ex. Koeva 2024, Periti & Montanelli 2024). Des contributions en TAL seront attendues notamment autour des aspects développés ci-dessus, mais non exhaustivement, en particulier en lien avec les domaines linguistiques s’intéressant au lexique (étymologie, lexicologie, lexicographie, phraséologie, terminologie).

Argumentation : Le lexique joue un rôle crucial dans l’argumentation, car le choix des mots peut influencer la perception et la réception d’un discours. En utilisant un vocabulaire précis et approprié et en explicitant les relations rhétoriques et logiques, par exemple par des connecteurs, les locutrices et locuteurs peuvent renforcer l’acceptabilité de son propos. Elles et ils structurent leur discours, en l’orientant en faveur ou défaveur d’une position et / ou en suscitant des émotions chez leur auditoire.

Cette session vise à explorer les interactions entre le lexique et les mécanismes argumentatifs dans divers contextes linguistiques. Nous sollicitons des propositions de communication qui examinent, entre autres, en synchronie ou en diachronie :

1. la manière dont le choix lexical influence la construction et la perception des arguments,
2. le rôle des champs lexicaux dans l’argumentation persuasive. Les contributions peuvent aborder des perspectives théoriques, descriptives ou appliquées, et peuvent s’appuyer sur des analyses de discours, des études de cas, des corpus ou des approches expérimentales.

 CONFÉRENCIÈRES ET CONFÉRENCIERS INVITÉ.E.S

  • Hans C. Boas, University of Texas in Austin
  • Gaëtane Dostie, Université de Sherbrooke
  • Sören Stumpf, Ludwig-Maximilians-Universität München

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