Xe Colloque AIEMF
TEXTES ET GENRES À L’ÉCART EN MOYEN FRANÇAIS
Turin, 13-15 juin 2025
Comité scientifique :
Antonella Amatuzzi, Elisabetta Barale, Paola Cifarelli, Olivier Delsaux, Olga Anna Duhl, Matthieu Marchal, Anne Schoysman, Alessandro Vitale-Brovarone
Comité organisateur :
Antonella Amatuzzi, Elisabetta Barale, Paola Cifarelli
Propositions : à envoyer avant le 30 septembre 2024 à l’adresse mail paola.cifarelli@unito.it
Argumentaire
Pendant la nuit du 25 au 26 janvier 1904, un incendie catastrophique ravagea la salle des manuscrits de la Bibliothèque Nationale de Turin et le fonds français en fut particulièrement endommagé. Pour ces raisons historiques, les manuscrits et les livres contenant des textes en moyen français conservés dans les fonds de cette bibliothèque turinoise sont longtemps restés peu connus, négligés, oubliés, bref souvent tenus à l’écart de la communauté scientifique, bien qu’une partie d’entre eux ait été restaurée depuis.
À l’occasion du colloque de l’AIEMF qui se tiendra à Turin du 13 au 15 juin 2025, nous proposons donc de convoquer la notion d’‘écart’ dans ses acceptions variées (décalage, différence, marge, variation, déviation, divergence, éloignement) pour porter la réflexion sur trois axes de recherche principaux, mais non exclusifs :
1- pour ce qui est de la codicologie et de l’histoire du livre, outre les témoins, manuscrits ou imprimés, négligés ou méconnus jusqu’à aujourd’hui qui méritent d’être l’objet d’études plus approfondies, pourront être pris en considération les centres de copie ou d’édition périphériques par rapport aux grands centres de diffusion du livre, ou encore tous les éléments matériels d’un volume qui sont en position excentrée, par rapport au texte principal(manchettes, décorations, didascalies, paratextes): que révèlent-t-ils de la fabrique du texte ? L’organisation du dispositif typographique, avec ses rebonds entre textes, images, dessins, notes, fait-elle sens ? Quelles solutions sont-elles adoptées par les copistes et les premiers imprimeurs pour éditer des textes nécessitant d’une mise en page particulière ?
2- pour ce qui est de la philologie et de la linguistique, on pourra étudier les gloses et plus généralement la pratique du commentaire : quelles sources a-t-on utilisé pour les gloses marginales ? Comment ces dispositifs aident-ils dans l’interprétation du texte ou orientent-ils la lecture ? Quelle est leur fonction didactique et quel type de hiérarchie s’établit entre le texte central et les marginalia ? Quant aux corrections d’auteur ou de copistes et aux notes de lecture d’exemplaires spécifiques, peut-on dégager quelques traits de la langue propre à un auteur à partir des notes apportées à ses manuscrits ? Et (dans ce cas) quelles pratiques d’édition est-il souhaitable d’adopter ?
3 – pour ce qui est de la littérature, pourront être explorés des écrits et des genres qui sont à l’écart du canon et de la tradition, des formes singulières et originales par rapport aux modèles plus répandus : écrits paralittéraires (recettes, inscriptions…), traités scientifiques et textes didactiques (dont le statut littéraire est bien connu), ainsi que des réécritures ou des réélaborations restées à l’écart de l’attention des critiques.
Suggestions bibliographiques
http://blog.apahau.org/colloque-marges-marginaux-et-marginalites-au-moyen-age-transgressions-et-experiences- de-la-norme-ve-xve-siecle-bruxelles-6-octobre-2022/
Armstrong A., Technique and technology. Script, Print, and Poetics in France 1470-1550, Oxford, Clarendon Press, 2000.
Boneau E., Obscenity Out of the Margins : Mysterious Imagery Within the Cent Nouvelles nouvelles, MS Hunter 252, “e- sharp” 6/2, 2006 (revue en ligne de l’Université de Glasgow: www.sharp.arts.gla.ac.uk).
Brix A., « Aux marges des manuscrits. Éléments pour une étude de la réception des Grandes Chroniques de France », Questes 36 (2017), p. 59-83.
Bronckart M., Etude philologique sur la langue, le vocabulaire et le style du chroniqueur Jean de Haynin, Bruxelles, Liège, 1933.
Canal M. N., « Écrire dans les marges. Références et interventions de Regnauld Le Queux dans le Baratre infernal », L’écrit et le manuscrit à la fin du Moyen Âge, éd. T. Van Hemelryck, C. Van Hoorebeck C., Turnhout, Brepols, 2006, pp. 43-55.
ColomboTimelli M., «Cleriadus et Meliadice entre manuscrits et imprimés: ‘miroir du prince’ ou roman d’amour?», Studi Francesi, 166, 2012, pp. 21-32.
Delage-Béland I., « En marge de l’histoire. Les fictions médiévales et Gérard Genette », Perspectives médiévales, 42, 202, https://journals.openedition.org/peme/36282
Delsaux O., « La philologie au risque des traditions mixtes. Le cas du Livre de vieillesse de Laurent de Premierfait », Revue belge de philologie et d’histoire, 91, 2013, pp. 935-1009.
Delsaux O., Manuscrits et pratiques autographes chez les écrivains français de la fin du Moyen Âge. L’exemple de Christine de Pizan, Genève, Droz, 2013.
Hicks É., « Pour une édition génétique de l’Epistre Othea», Pratiques de la culture écrite en France au XVe siècle, éd. M. Ornato et N. Pons, Louvain-la-Neuve, UCL, 1995, pp. 151-159.
Latimier-Ionoff A., Pavlevski-Malingre J. et Servier A. (éd.), Merveilleux et marges dans le livre profane à la fin du Moyen Âge (XIIe-XVe siècles), Turnhout, Brepols 2017.
Le Baratre infernal de Regnaud le Queux (1480). Les chapitres inspirés du sixième cercle de l’enfer de Virgile, éd. N. Hanot, Louvain-la-Neuve, Presses Universitaires de Louvain, 2016.
Le Briz S., Veysseyre G., « Les notes marginales du manuscrit Paris, BNF, fr. 1648: quand un clerc glose le Pèlerinage de l’Ame de Guillaume de Digulleville », Le Pèlerinage de l’âme de Guillaume de Digulleville (1355-1358). Regards croisés, éd. M. Bassano, E. Dehoux, C. Vincent, Turnhout, Brepols, 2014, pp. 21-37.
Le dictionnaire Aalma, Les versions Saint-Omer, BM 644, Exeter, Cath. Libr. 3517 et Paris, BnF lat. 13032, éd. B. Merrilees, W. Edwards, introduction et texte critique entièrement révisés et mis à jour par A. Grondeux, Turnhout, Brepols, 2019.
Lefèvre S., L’invention de l’espace de curiosité. La marge et le cadre dans des livres manuscrits de la fin du Moyen Age et du premier XVIe siècle, https://www.academia.edu/36838095/Linvention_de_lespace_de_curiosit%C3%A9_La_marge_et_le_cadre_da ns_des_livres_manuscrits_de_la_fin_du_Moyen_Age_et_du_premier_XVIe_si%C3%A8cle
Lefèvre S., « “Manu propria”. Les enjeux de l’écriture autographe », Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Comptes rendus des séances de l’année, 2014, pp. 611-640.
Lefèvre S., « Prologues de recueils et mise en œuvre des textes: Robert de Blois, Christine de Pizan et Antoine de la Sale », Seuils de l’œuvre dans le texte médiéval, éd. E. Baumgartner, L. Harf-Lancner, Paris, Presses de la Sorbonne nouvelle, 2002, pp. 89-125.
Malas O., « Le prosélytisme linguistique au XVIe siècle, un exemple normand », Studi Francesi, 159, 2009, pp. 563- 569. https://journals.openedition.org/studifrancesi/7443
Marchal M., « Mise en chapitres, rubriques et miniatures dans Gérard de Nevers », Mettre en prose aux XIVe et XVe siècles, éd. M. Colombo Timelli, B. Ferrari, A. Schoysman, Turnhout, Brepols, 2010, pp. 187-195.
Marges et écritures dans la littérature, études réunies et prés. par A. Ben Farhat, Univ. de Sfax: Fac. des lettres et sciences humaines, 2016.
Marges et marginalia, du Moyen Âge à aujourd’hui, Travaux issus de la journée d’étude des jeunes chercheurs Enc-Ephe du 16 juin 2016 https://www.chartes.psl.eu/sites/default/files/atoms/files/volume_marges_2020_0.pdf
Nobel P., « Du manuscrit à l’imprimé : le traitement des gloses dans l’editio princeps de la Bible historiée publiée par Antoine Vérard », Le français préclassique, 19, 2017, pp. 85-100.
Ogden A. V., « The Centrality of Margins. Medieval French Genders and Genres reconfigured », French Forum, 2005.
Ouy G., Problèmes d’édition des manuscrits autographes médiévaux, in Les Problèmes posés par l’édition critique des textes anciens et médiévaux, Louvain-la-Neuve, UCL, 1991, pp. 399-420.
Parussa G., « Arbitraires, systématiques, accidentelles ? À propos des variantes entre deux familles de manuscrits de l’Epistre Othea », Une femme de lettres au Moyen Âge. Études autour de Christine de Pizan, éd. L. Dulac et B. Ribémont, Orléans, Paradigme, 1995, pp. 431-446.
Parussa G., Valentini, A., « Comment travaillait Christine de Pizan? Les variantes d’auteure en l’absence de brouillons », Studi Francesi, 195, 2021, pp. 466-489.
Pouspin M., Publier la nouvelle. Les pièces gothiques. Histoire d’un nouveau média (XVe-XVIe siècles), 2016.
Radomme T., « Lycaon, le loup et l’agneau. La satire dans l’Ovide moralisé et l’éclairage des gloses franco-latines », Traire de latin et espondre. Études sur la réception médiévale d’Ovide, éd. C. Baker, M. Cavagna, E. Guadagnini, avec la collaboration de P. Otzenberger, Paris, Classiques Garnier, 2021, pp. 291-312.
Reno Chr., « The Preface to the Avision-Christine in ex-Phillips 128 », Reinterpreting Christine de Pizan, éd. E. J. Richards, Athens-Londres, U. of Georgia P., 1992, pp. 207-227.
Roccati G. M., « La production incunable à Grenoble », Comunità urbane e centri minori dei due versanti delle Alpi occidentali. Circolazioni di persone e relazioni culturali, politiche e socio-economiche, éd. F. Panero, Cherasco, Centro Internazionale di Studi sugli Insediamenti Medievali, 2020, pp. 195-206.
Roccati G. M., « Les débuts de la production incunable à Genève: Adam Steinschaber et ses contemporains (années 1478-1481) », All’incrocio di due mondi. Comunità, ambiente, culture, tradizioni delle valli alpine dal versante padano a quello elvetico, éd. E. Basso, Cherasco, Centro Internazionale di Studi sugli Insediamenti Medievali, 2021, pp. 347-364.
Schoysman A., « La langue du chroniqueur Jean Lemaire de Belges d’après ses corrections autographes dans le ms. parisien BN, Dupuy 503 », Lingua, cultura e testo. Miscellanea di studi francesi in onore di Sergio Cigada, éd. E. Galazzi, G. Bernardelli, Milano, Vita e Pensiero, 2003, pp. 717-726.
Texte et contre-texte pour la période pré-moderne, éd. Nelly Labère, Pessac, Ausonius Editions, 2013.
Valentini A., « La tradition manuscrite du Livre de la cité des dames de Christine de Pizan: sur la genèse et l’évolution d’un texte majeur du XVe siècle », Romania 137, 2019, pp. 394-445.
Vitale-Brovarone A., « Beati qui non viderunt et crediderunt ? Opinions et documents concernant quelques manuscrits français de la Bibliothèque nationale de Turin », in Quant l’ung ami pour l’autre veille : mélanges de moyen français offerts à Claude Thiry, éd. M. Colombo Timelli, T. Van Hemelryck, Turnhout, Brepols, 2008, pp. 449-462.