appel à contributions : “Le ‘langage des jeunes’: évolution des usages et représentations”; Vienne, 16-17 mai 2024

appel à contributions : “Le ‘langage des jeunes’: évolution des usages et représentations”; Vienne, 16-17 mai 2024

Colloque international

Le ‘langage des jeunes’ : évolution des usages et représentations

16–17 mai 2024, Université de Vienne, salle ROM 14

Né dans les banlieues françaises entre la fin des années 1970 et 1980, le ‘langage des jeunes’, aussi populairement appelé langue des cités ou langage de banlieue, est un vernaculaire urbain contemporain (Rampton, 2011) tout aussi stigmatisé qu’il n’est en vogue. Parler innovant avec une forte signification sociale, il fait l’objet de recherches par la communauté scientifique en linguistique depuis plus de 40 ans, en commençant par l’étude de Bernard Laks à Villejuif (1980), suivi par les travaux de Jacqueline Billiez et son équipe à Grenoble dans les années 1980–1990 (p. ex. 1991), puis de Cyril Trimaille dans sa lignée (p. ex. 2003), ainsi que ceux de Jean-Pierre Goudaillier et Zsuzsanna Fagyal dans la région parisienne (Fagyal, 2010 ; Goudaillier, 1997) et de bien d’autres. Plus récemment, on peut souligner les travaux de Daniel McAuley (p. ex. 2017) et Françoise Gadet (2017), cette dernière ayant impulsé la création du corpus Multicultural Paris French (MPF), un corpus librement accessible en ligne recueilli auprès de ‘jeunes’ locuteurs de la région parisienne aux réseaux multiculturels (https ://www.ortolang.fr/market/corpora/mpf).

Parmi les phénomènes linguistiques qui caractérisent ces parlers jeunes, on peut noter par exemple des schémas intonatifs non-standards (Fagyal, 2010 ; Fagyal & Torgensen, 2018), des variantes phonétiques comme la palatalisation/affrication de certaines occlusives (Jamin, Trimaille & Gasquet-Cyrus, 2006), des ‘innovations’ lexicales comme le verlan ou les emprunts à l’anglais et aux langues de l’immigration (Goudaillier, 1997 ; Méla, 1991 ; Verbeke, 2017), et de nombreux nouveaux introducteurs de discours et marqueurs discursifs (Gadet, 2017 ; Guerin, 2018 ; McAuley, 2017). Cette liste non-exhaustive illustre la grande variété de traits linguistiques qui caractérise le ‘langage des jeunes’ en France, dont certains se sont diffusés au-delà de la jeunesse et des banlieues (p. ex. Rilliard, 2023 pour les emprunts arabes).

Rendus visibles par les médias qui s’intéressent fortement aux banlieues dans les années 1980–1990, et popularisés auprès du grand public notamment à travers l’essor de la musique rap, les parlers jeunes sont aussi l’objet de représentations populaires que l’on retrouve dans les films, la BD, etc. depuis presque aussi longtemps.

Mais qu’est-ce qu’il en est du ‘langage des jeunes’ de nos jours ? Ces pratiques langagières ont vécu dans la bouche de nombreux locuteur.rice.s et les oreilles de nombreux auditeur.rice.s au cours des dernières décennies, dépassant les limites d’âge, de classe sociale, d’origines ethniques, etc. Il convient donc de se demander comment ces pratiques ont évolué, ainsi que leurs représentations.

Ce colloque a pour but de faire la lumière sur l’évolution de ce phénomène langagier et social et d’apporter des éléments de réponse aux questions suivantes :

–      Les pratiques langagières du ‘langage des jeunes’ ont-elles perduré dans le temps (autant pour les locuteurs maintenant devenus adultes que pour les jeunes locuteurs de nos jours) ? Peut-on dire que certaines variables (p. ex. palatalisation/affrication, questions in situ, verlan) représentent un changement en cours dans la langue française ?

–      La production des variables connues a-t-elle changé ? Est-ce que de nouvelles variables ont été identifiées ?

–      Qui sont désormais les utilisateurs de ces variables (âge, genre, classe sociale, origine ethnique, etc.) ? Ont-ils changé au cours du temps ?

–      Les représentations de ces pratiques langagières ont-elles changé ? Si oui, comment ?  La langue des jeunes est-elle toujours aussi stigmatisée auprès d’une partie de la population ? Est-elle toujours autant prisée par les jeunes ?

–      Que peut-on dire de l’évolution de la terminologie, scientifique et populaire, pour faire référence à ces pratiques ? Est-elle représentative du phénomène tel qu’il existe à l’heure actuelle ? Quelle terminologie pour nommer au mieux ces pratiques ?

Nous invitons les propositions de communication pour des présentations de 20 minutes (suivies de 10 minutes de questions) sur les axes de recherche mentionnés ci-dessus ou autrement en lien avec le thème de la conférence. Toutes les contributions traitant de l’évolution des usages, productions, perceptions, représentations, attitudes, stéréotypes, etc. sur le ‘langage des jeunes’ sont les bienvenues.

Les propositions de communication en français ou en anglais de 350 mots maximum, hors références, sont attendues pour le 15 décembre 2023 et doivent être soumises aux adresses emails suivantes (marylise.rilliard@univie.ac.atelissa.pustka@univie.ac.at). La conférence se tiendra en français et en anglais.

Pour toute question, merci de bien vouloir contacter Marylise Rilliard : marylise.rilliard@univie.ac.at.

Conférencier.e.s invité.e.s

  • Françoise Gadet (Paris Nanterre) : « Les parlers jeunes n’existent pas »
  • Daniel McAuley (Queen’s University Belfast) : “The social meaning of ‘le langage des jeunes’ : representations across users, listeners and media”
  • Cyril Trimaille (Grenoble Alpes) : « Décrire et comprendre les dynamiques sociolinguistiques dans les pratiques langagières juvéniles : pluralité d’approches, pluralité d’apports »
  • Zsuzsanna Fagyal (Illinois Urbana-Champaign) : “Sociophonetic variation in interaction: peer-group dynamics in youth language corpora”

Organisatrices 

Marylise Rilliard : marylise.rilliard@univie.ac.at

Elissa Pustka : elissa.pustka@univie.ac.at

Dates importantes 

Date limite de soumission : 15 décembre 2023

Notification d’acceptation : 31 janvier 2024