Appel à communications : le français parlé dans les médias (Laval, Québec, janvier 2024

Appel à communications : le français parlé dans les médias (Laval, Québec, janvier 2024

page1image35787232 page1image35789312 page1image35789728 page1image35790144

APPEL À COMMUNICATIONS

La 6e édition du colloque international Le français parlé dans les médias intitulée
« Pratiques langagières non standardisées, attitudes et représentations dans les formats médiatiques oraux associés au divertissement »
aura lieu à l’Université Laval, Québec (Canada) les 25, 26 et 27 janvier 2024

Le colloque international Le français parlé dans les médias a été inauguré en 2005 par des chercheuses et chercheurs du Département de français et d’italien de l’Université de Stockholm. Quatre éditions ont suivi : Québec 2007, Lausanne 2009, Montpellier 2013 et Birmingham 2015. Après une pause de près de huit ans, le colloque revient à Québec et est organisé par des membres du Laboratoire de recherche sur les communautés de pratiques langagières (COPRAL) et du Centre de recherche interuniversitaire sur le français en usage au Québec (CRIFUQ), conjointement avec la Chaire pour le développement de la recherche sur la culture d’expression française en Amérique du Nord (CEFAN).

Problématique de la 6e édition

Cette nouvelle édition du colloque aborde les enjeux sociaux reliés aux pratiques langagières dans les formats médiatiques oraux associés au divertissement et les relations complexes entre ces derniers et les publics auxquels ils s’adressent. Si la langue de l’information est relativement bien étudiée sous l’angle d’une norme endogène dans des régions de la francophonie telles que le Québec (p.ex. Cox 1998; Reinke 2005; Martel et al. 2010; Chalier 2018, 2021, ou encore Remysen 2010 pour une perspective aménagiste), on ne peut pas dire la même chose des formats médiatiques oraux associés au divertissement, qui se caractérisent par une plus grande diversité de pratiques langagières. D’un côté, on y observe des productions où le poids de la norme standard, souvent associée au français des Parisiens cultivés, continue à se faire sentir. C’est notamment le cas des films doublés où des productions dans un français « normatif » (terme employé par le milieu) sont encore la règle, et ceci dans plusieurs régions de la francophonie, tout en faisant réagir certaines personnes qui souhaiteraient plutôt reconnaître leur propre culture dans leurs produits (Reinke et Ostiguy 2019; Reinke et al. 2023). De l’autre côté, certaines productions semblent laisser libre cours aux pratiques non standardisées, par exemple les émissions de téléréalité, ce qui fait également réagir. À titre d’exemple, une étude récente à propos de l’émission de téléréalité québécoise Occupation double démontre que les pratiques langagières des candidates et candidats qui s’écartent de la norme standard sont l’objet de vifs discours épilinguistiques dans la sphère médiatique et entraînent chez les participantes et participants un sentiment de honte, voire d’insécurité linguistique (Blais et Reinke 2022). Quels que soient les choix langagiers faits par les équipes de production, ils ne sont pas sans conséquences sociales : le choix du français « normatif » laisse entendre que les autres variétés de français ne méritent pas d’être entendues en ondes; celui d’un français socialement ou géographiquement plus marqué, risque de provoquer des réactions négatives d’une partie du public.

L’objectif de ce colloque est de réunir des chercheuses et chercheurs qui s’intéressent aux français dans les formats médiatiques oraux associés au divertissement, p. ex. talk-shows, téléréalités, téléséries, téléthéâtre, balados, spectacles d’humour, cinéma (incluant le doublage), vidéos diffusés sur des plateformes numériques comme YouTube. L’angle privilégié est la description des pratiques langagières non standardisées etdes attitudes et des représentations entretenues à leur endroit.

Ayant constaté un intérêt marqué pour certains formats médiatiques qui se caractérisent par le côtoiement des formes standard et non standard, les membres du comité ont décidé d’ouvrir l’appel à communications à cesproductions hybrides, à la frontière du divertissement et de l’information, de l’oral et de l’écrit. Ils tiennent aussi à souligner que ce colloque pluridisciplinaire accueille avec enthousiasme les propositions en lien avec toutes les disciplines des sciences du langage et de la communication, comme la traductologie, les études cinématographiques et les arts de la scène, le journalisme et la publicité.  Nous voulons notamment nous pencher sur des questions telles que :

  •   Dans quelle mesure les formats médiatiques oraux associés au divertissement reflètent- ils toute la diversité langagière observée dans la communauté? En particulier, quels traits du français non standardisé, du contact de langues ou quels phénomènes relevant du plurilinguisme telle l’alternance codique sont jugés acceptables et lesquels ne le sont pas?
  •   Est-ce que certaines pratiques sont propres à un ou à des formats? Est-ce qu’on observe des différences entre les médias privés et publics? Dans quelle mesure certaines pratiques langagières sont-elles, selon les formats, différentes d’une communauté à l’autre?
  •   Comment certaines pratiques langagières non standardisées sont-elles reçues par les publics en fonction des formats? Quels effets sont engendrés par l’utilisation de certaines formes ou pratiques non conformes à la norme standard? En quoi les pratiques langagières dans les formats médiatiques oraux associés au divertissement nous renseignent-elles sur les attitudes qu’une communauté entretient par rapport aux variétés de langue? Quelles sont les attitudes des diffuseurs à l’endroit de la langue utilisée sur leurs ondes et quels rapports ces attitudes entretiennent-elles avec les discours ambiants qui circulent à propos de la langue?
  •   Comment les pratiques langagières non standardisées sont-elles gérées, de façon implicite ou explicite, dans les productions? Existe-t-il des politiques en vue d’encadrer ces pratiques linguistiques? Quels sont les facteurs de régulation linguistique qui orientent les pratiques langagières non standardisées, lorsqu’elles sont utilisées dans des formats médiatiques oraux? Ces pratiques font-elles l’objet de commentaires explicites de la part des personnes intervenant dans le cadre d’une même émission, par exemple? Quelle est la part de l’accommodation linguistique dans de tels contextes?
  •   Les productions associées au divertissement contribuent-elles à légitimer l’usage des variétés non standardisées? Si oui, comment?
  •  Comment les usages langagiers non standardisés s’insèrent-ils dans les productions médiatiques traditionnellement définies par des usages standards? Comment les usages langagiers non standardisés participent-ils à la reconceptualisation de produits médiatiques? Quelle est la contribution et les effets de ces variations langagières dans la transformation de certains formats médiatiques?
  •  Quels sont les enjeux épistémologiques, éthiques et méthodologiques de l’étude des pratiques, des attitudes et des représentations dans le contexte des formats médiatiques oraux associés au divertissement?

Envoi d’une proposition de communication

Ce colloque s’adresse aux chercheuses et chercheurs incluant les étudiantes et les étudiants aux cycles supérieurs en sciences du langage, mais aussi d’autres disciplines concernées par les thèmes proposés, telles que la traductologie, les sciences de la communication ou les études cinématographiques. Bien que le colloque soit axé sur le français, des propositions portant sur d’autres langues pluricentriques seront considérées. La langue du colloque est cependant le français. Le colloque se tiendra en présence, mais des accommodements sont possibles si des circonstances exceptionnelles empêchent le déplacement.

Nous invitons les personnes dont les travaux touchent l’une ou l’autre des questions soulevées à présenter une proposition de communication d’au plus 2 500 caractères (espaces comprises), d’ici le 1 septembre 2023, à l’adresse électronique suivante : copral@ulaval.ca. Les réponses aux propositions seront connues fin septembre 2023. Il est prévu de publier certaines contributions après sélection du comité scientifique.

Pour toute question ou demande d’information, consultez la page Web dédiée au colloque ou écrivez un courriel au copral@ulaval.ca.

Comité organisateur

Kristin Reinke (Université Laval, Québec)
Guylaine Martel (Université Laval, Québec)
Wim Remysen (Université de Sherbrooke)
Luc Ostiguy (Université du Québec à Trois-Rivières)
Ann-Frédérick Blais (Université Laval, Québec)
Gynette Tremblay (Université Laval, Québec)

Comité scientifique

Julie Auger (Université de Montréal)
Geneviève Bernard Barbeau (Université du Québec à Trois-Rivières)
Davy Bigot (Université Concordia, Montréal)
Marie-Ève Bouchard (University of British Columbia, Vancouver)
Colette Brin (Université Laval, Québec)
Maria Candea (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)
Aidan Coveney (University of Exeter)
Reglindis De Ridder (Stockholm University)
Yves Gambier (University of Turku)
Anna Giaufret (Università di Genova, Gênes)
Renauld Govin (Université d’État d’Haïti, Port-au-Prince)
Hervé Guay (Université du Québec à Trois-Rivières)
Annette Gerstenberg (Universität Potsdam)
Leigh Oakes (Queen Mary University of London)
Gaëlle Planchenault (Simon Fraser University, Burnaby)
Bernhard Pöll (Paris-Lodron-Universität Salzburg)
Mireille Tremblay (Université de Montréal)
Anne-José Villeneuve (University of Alberta, Edmonton)
Olivia Walsh (University of Nottingham)

Références

BLAIS, Ann-Frédérick et Kristin REINKE, 2022, Quand la norme rencontre l’usage : discours épilinguistiques, réseaux sociaux et « Occupation Double », Colloque « ILPE 5 – Les idéologies linguistiques dans la presse écrite et les autres médias de communication », La Plata – Buenos Aires/Argentine, 28.-30.9.2023.

CHALIER, Marc, 2018, Quelle norme de prononciation au Québec ? Attitudes, représentations et perceptions, Langage et société, 163, p. 121-144. https://doi.org/10.3917/ls.163.0121

CHALIER, Marc, 2021, Les normes de prononciation du français. Une étude perceptive panfrancophone. Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie, Bd. 454, Berlin, Boston, de Gruyter, Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie, Bd. 454.

COX, Terry B., 1998, Vers une norme pour un cours de phonétique française au Canada, Revue canadienne des langues vivantes, 54 (2), p. 175-197.

MARTEL, Guylaine, Kristin REINKE, Denise DESHAIES, Lucie MÉNARD et Caroline ÉMOND, 2010, Variations sociodiscursives dans la mise en scène de l’information télévisée, dans REMYSEN Wim et Diane VINCENT (dir.) : Hétérogénéité et homogénéité dans les pratiques langagières : mélanges offerts à Denise Deshaies. Québec, Presses de l’Université Laval, coll. Langue française en Amérique du Nord, p. 87-114.

REINKE, Kristin avec la collaboration de Luc OSTIGUY, 2005, La langue à la télévision québécoise : aspects socio-phonétiques, Montréal, Office québécois de la langue française, coll. Suivi de la situation linguistique, Étude 6.

REINKE, Kristin et Luc OSTIGUY, 2019, La langue du doublage québécois: Un français parlé “sous bonne surveillance”, Revue canadienne de linguistique appliquée, 22(2). p. 1- 26.

REINKE, Kristin, Luc OSTIGUY, Louis HOUDE et Caroline EMOND, 2019, Cachez cet accent qu’on ne saurait entendre: La langue du doublage fait au Québec, Glottopol, Revue de sociolinguistique en ligne, 31, p. 74-94.

REINKE, Kristin, Luc OSTIGUY, Antoine DROUIN et Suzie BEAULIEU, 2023, ’Sounds odd to hear American actors speaking like us!’ : Attitudes towards Quebec French in the context of foreign film dubbing, dans Reglindis DE RIDDER (dir.), One size fits all? Linguistic standards used in the media of pluricentric language areas. Graz/Berlin, PCL-PRESS/epubli, p. 3-34.

REMYSEN, Wim, 2010, La politique linguistique des médias publics au Québec et en Flandre : de quelle conception de la langue est-il question? dans Wim REMYSEN et Diane VINCENT (dir.), Hétérogénéité et homogénéité dans les pratiques langagières : mélanges offerts à Denise Deshaies, Québec, Presses de l’Université Laval, p. 115- 150.

page4image36264448