Appel à contributions : colloque jeunes chercheur·ses “A kind of Magic”

Appel à contributions : colloque jeunes chercheur·ses “A kind of Magic”

Chères et chers collègues,

Nous avons le plaisir de vous annoncer que le colloque pour jeunes chercheur.se.s A kind of magic: visions et déclinaisons interdisciplinaires du magique aura lieu à Turin du 29 au 31 mai 2024. Le délai pour l’envoi des résumés est le 15 novembre 2023.
Les langues officielles du colloque sont l’italien, l’anglais et le français.
 
Vous trouverez l’appel à communication et toutes les informations ci-dessous.
Pour toute demande d’informations il sera possible de s’adresser au comité d’organisation à l’adresse suivante : convegno.magia@unito.it
 
Bien à vous,
 


A kind of magic:
visioni e declinazioni del magico

Doctorant.e.s du XXXVIII cycle du Cours de Doctorat en Lettres

Dipartimento di Studi Umanistici (STUDIUM)
Università di Torino
Via S. Ottavio 20
 
 

ARGUMENTAIRE GÉNÉRAL

Le XXXVIIIe cycle du Cours de Doctorat en Lettres de l’Université de Turin a le plaisir de vous annoncer que le Colloque Doctoral A kind of magic : visions et déclinaisons interdisciplinaires du magique se tiendra les 29, 30 et 31 mai 2024 à l’Université de Turin.

La nature ambiguë et controversée de la notion de « magie » est difficile à circonscrire à une sphère sémantique et disciplinaire. En effet, au fil des années, de nombreuses tentatives de définition ont émergées pour tenter d’en tracer un horizon de signification. Dans la linguistique moderne, Cardona le soulignait dans Introduzione all’etnolinguistica (2006 [1976] : 192), les aspects sacrés, magiques et religieux de la langue ont été quasiment omis. Pourtant, comme Mauss le mentionne dans son ouvrage Esquisse d’une théorie générale de la magie (1902-1903), « la magie est depuis longtemps objet de spéculations ». Même si « celles des anciens philoso­phes, des alchimistes et des théologiens étant purement pratiques, appartiennent à l’histoire de la magie et ne doivent pas prendre place dans l’histoire des travaux scientifiques », ils ont été fondamentaux et propédeutiques. C’est effectivement le cas  dans la perspective des premières recherches qui avaient une valeur plus exactement théorique et qui, pour Mauss, « commence[nt] avec les écrits des frères Grimm » (Mauss 1903 : 5).

Le fait que les auteurs de Kinder und Hausmärchen (1812-1822) inaugurent ce mouvement n’a rien d’étonnant lorsqu’on prend en considération le caractère souvent dégradé (voire parfois péjoratif) qu’ont tendance à prendre les concepts de féerique, fantastique et magique. Depuis le début du XXe siècle, certains ouvrages attirent à nouveau l’attention sur ces thématiques et ils sont destinés à devenir les textes de base de la sémiotique. On parle par exemple de Morphologie du conte (1928) de Propp, mais aussi de nouvelles tendances artistiques comme le réalisme magique, qui s’est développé dans la peinture et, dans un deuxième temps, en littérature, à partir de Histoire universelle de l’infamie de Borges (1935). Une poétique similaire converge dans le septième art, dans des films comme Le Voyage de Chihiro (2001) de Miyazaki, qui souligne ce lien avec le magique et que le cinéma conserve dès les expérimentations de Méliès. En effet, il est le premier à utiliser le cinématographe Lumière non seulement à des fins documentaires, mais aussi pour mettre en œuvre ses spectacles avec des illusions grâce à l’introduction du montage et des effets spéciaux. Cette capacité de fascination, fait aussi bien converger le progrès technologique et scientifique que la magie (considérée par certains comme une sorte de « science avant la science » (cf. Frazer, Le Rameau d’or). En outre, elle reflète seulement en partie le polymorphisme complexe  de la notion de magique et la manière dans laquelle il a été conçu dans des lieux, des cultures et des moments historiques différents. Si, par exemple, la magie et l’astrologie sont considérées par le savoir médiéval comme le domaine du démoniaque, d’après des traités comme le Liber Aneguemis (IX sec.) ou le Picatrix (1256), pendant la Renaissance, elles ont été réhabilitées comme moyens pour établir la seigneurie humaine illimitée dans le monde (Vasoli, 1976). Au contraire, dans le Romantisme, ces notions changent encore une fois de valeur ; c’est le cas du concept de « idéalisme magique » exprimé par Novalis, ou encore par la mise en scène de ballets comme La Sylphide (1832) et d’œuvres théâtrales en musique comme Robert le Diable (1831) de Meyerbeer.

La notion de magique, loin d’être exclusivement un héritage du passé, peut s’ériger au contraire comme un élément clé permettant une lecture de notre présent et de notre avenir, à partir de la réalité qui nous entoure. Le cas de la ville de Turin semble parfaitement illustrer cela. En effet, elle est perçue comme sommet commun aussi bien du célèbre « triangle de la magie blanche » que du « triangle de la magie noire », à partir de l’enquête journalistique de Dembech. Ainsi, comme pour la notion de « cercle magique » – théorisé par Huizinga dans Homo ludens (1938) et dont la porosité permet un échange continu entre l’espace réel et l’espace de jeu ou de fiction – le phénomène même de magie donne l’impression d’engager plusieurs aspects de la quotidienneté. De plus, le magique se constitue comme un champ d’investigation indépendant et transversal qui mérite de l’attention et des études académiques qui veulent en définir des traits formels, des fonctions et des potentialités encore inexplorés.

Ainsi, à partir de ces considérations préliminaires, le colloque sera l’occasion de réfléchir sur les domaines de recherche suivants :

  1. littérature, théâtre, musique, cinéma et nouveaux médias

  2. sémiotique et sciences du jeu

  3. linguistique

Les contributions des participant.e.s seront organisées par domaines thématiques et non pas disciplinaires dans le but de créer des moments de débat entre des chercheur.se.s issu.es de différentes disciplines.

Ce colloque s’adresse aux doctorant.e.s et jeunes chercheur.se.s (dans la limite de deux ans après avoir soutenu sa thèse). Dans un esprit d’échange et de collaboration, nous acceptons également la présentation de contributions à plusieurs voix (max. 3 personnes).

Pour chaque communication, une durée de 20 minutes est prévue qui sera suivie de 5 minutes de questions.

THÉMATIQUES

Littératures, Théâtre, Cinéma, Musique et Nouveaux Médias

  • Le magique dans les cultes et dans les pratiques rituelles à travers les siècles et les continents.

  • Magie, religion et science depuis les traités du Moyen Âge et de la Renaissance à la science-fiction.

  • La symbologie magique : entre topoi établis et réinterprétations de la représentation de personnages, objets et situations de l’imaginaire magique.

  • Du côté du public : fascination et enchantement dans la réception de l’œuvre d’art.

Sémiotique et Sciences du Jeu

  • Illusions, filtres, métamorphoses : la magie comme ars mimetica et dispositif de déformation du réel, entre invention du signe et jeu de prestige.

  • Spatialité, affordances et ludicité de symboles et objets magiques.

  • Rites, superstitions et nouveaux mythes de la magie.

  • D&D, Magic et d’autres formes du faire de la magie dans les textes ludiques.

Linguistique

  • Malédictions, bénédictions et formules magiques : propriétés structurales et fonctions pragmatiques et discursives des énoncés magiques (cf. « énoncé performatif » de Austin).

  • Sortilèges et conjurations dans les inscriptions et les textes : évolution des formes dans le temps ; caractéristiques linguistiques et stylistique des textes.

  • Onomastique et magie : le magique dans la toponymie dialectale ; anthroponymes et toponymes dans les romans fantasy et stratégies traductives.

  • Etymologie de la magie : typologie des usages magiques et rapports avec les cultures d’appartenance : aspects sacrés et magiques de la langue ; les figures magiques dans les croyances populaires et leurs dénominations.

DATES ET MODALITÉS DES SOUMISSIONS DES PROPOSITIONS

Les chercheur.se.s intéressé.e.s à participer sont invité.e.s à remplir ce formulaire en ligne (https://forms.gle/NxB4CNRpAnMVSqvg7) avec les informations suivantes :

  • adresse e-mail institutionnelle

  • prénom et nom de l’auteur (ou des auteurs, max. 3)

  • institution ou université de référence

  • statut

  • domaine(s) de recherche de la proposition

  • résumé qui ne dépasse pas les 2000 caractères (espaces inclus), hors bibliographie ; le résumé devra être ajouté en pièce jointe en format .pdf et devra être anonyme: le nom du fichier sera l’ensemble de deux mots-clés représentatifs de la proposition.

Les frais d’inscription s’élèvent à 20 euros par personne.

Après avoir procédé à une évaluation de chaque contribution par les membres du Comité Scientifique, nous procéderons à une publication des Actes du Colloque.

COMITÉS

  • COMITÉ D’ORGANISATION

Michele Cerutti, Valentina Corosaniti, Claudia D’Amelio, Alessandro Flecchia, Aurora Giribuola, Bruna Lorenzin, Alessandra Richetto, Elio Sacchi, Elisabetta Vaccarone.

  • COMITÉ SCIENTIFIQUE

Fabio Armand, Daniele Borgogni, Paola Cifarelli, Michele Cerutti, Valentina Corosaniti, Claudia D’Amelio, Michela Del Savio, Elisabetta Fava, Alessandro Flecchia, Aurora Giribuola, Bruna Lorenzin, Leonardo Mancini, Giuseppe Noto, Alessandra Richetto, Matteo Rivoira, Elio Sacchi, Antonio Santangelo, Elisabetta Vaccarone.

BIBLIOGRAPHIE

Austin, John Langshaw, How to Do Things with Words [1911-1960], Cambridge, Harvard University Press, 2003.

Barbato, Marcello, Incantamenta latina et romanica. Scongiuri e formule magiche nei secoli V-XV, Rome, Salerno Editrice, 2019.

Borges, Jorge Luis, Histoire universelle de l’infamie. Histoire de l’éternité [1935], trad. fr. par 10/18, 1994.

Cardona, Giorgio Raimondo, Introduzione all’etnolinguistica [1976], Turin, Utet, 2006.

Combarieu, Jules, La musique et la magie: étude sur les origines populaires de l’art musical, son influence et sa fonction dans les sociétés [1909],  Genève, Minkoff Reprints, 1972.

Dembech, Giuditta, Torino città magica, Torino, L’Ariete Edizioni, 1978.

Id., Torino città magica, vol. 2, Torino, Ariete Multimedia, 2009.

Frazer, James George, Le Rameau d’or [1890], tr. fr. par MM. R. Stiébel et J. Toutain, tome III. Paris, Schleicher frères, 1925 et 1935.

Huizinga, Johan, Homo ludens: A Study of the Play-Element in Culture [1938], Boston, Beacon Press, 1971.

Mauss, M., et Hubert, H. Esquisse d’une théorie générale de la magie [1903], L’Année Sociologique, vol. 7. 1902-1903. Texte repris dans Mauss, M. 1950. Sociologie et Anthropologie, Paris, PUF : 3-141.

Montesano, Marina, Inferno, Canto XX. Dante e la magia, Lucques, La Vela, 2021.

Id., Maleficia. Storie di streghe dall’Antichità al Rinascimento, Rome, Carocci, 2023.

Morin, Edgar, Il cinema o l’uomo immaginario [1956], Milan, Raffaello Cortina, 2016.

Propp, Vladimir, Morphologie du conte [1928], de Evgueni Meletinski, Seuil Points Essais, 1970.

Roh, Franz, Postexpressionnisme, réalisme magique : problèmes de la peinture européenne la plus récente, Dijon, Les Presses du réel, 2013.

Vasoli, Cesare, Magia e scienza nella civiltà umanistica, Bologne, Il Mulino, 1976.