Projet ERC Advanced Grant AGRELITA
The Reception of Ancient Greece in pre-modern French Literature and Illustrations of Manuscripts and Printed Books (1320-1550): How invented memories shaped the identity of European communities
Direction : Catherine Gaullier-Bougassas
The AGRELITA project ERC n° 101018777 has been launched on October 1st 2021. It is a 5-year project (2021-2026) financed on an ERC Advanced Grant 2020 through the European Union’s Research and Innovation Programme Horizon 2020.
Journées d’étude
Nouvelles traductions et réceptions indirectes de la Grèce ancienne (textes et images, 1300-1560)
Jeudi 15 septembre et vendredi 16 septembre 2022
Jeudi 19 janvier et vendredi 20 janvier 2023
Le projet AGRELITA étudie la réception de la Grèce ancienne dans un corpus d’œuvres écrites en français de 1320 aux années 1550 et dans les illustrations de leurs manuscrits et de leurs imprimés. C’est seulement à partir des années 1550 que commence l’essor des traductions directes du grec au français. Du début du XIVe siècle jusqu’au milieu du XVIe siècle, les auteurs en langue française et les artistes qui illustrent les manuscrits et les imprimés de leurs œuvres, sauf exception, n’ont aucune connaissance directe d’œuvres grecques. Les savoirs sur la Grèce ancienne qu’ils transmettent et réinventent dans leurs textes et dans leurs images sont des savoirs médiatisés par des filtres divers. Leur réception est indirecte, elle prend appui sur des œuvres antérieures, textuelles et iconographiques, dont les représentations de la Grèce ancienne sont déjà le fruit d’une ou de plusieurs réceptions.
Les journées d’étude de septembre 2022 et de janvier 2023 seront consacrées à l’analyse, à l’intérieur de ce corpus, des nouvelles traductions et adaptations en langue française d’œuvres latines qui véhiculent des savoirs sur la Grèce ancienne, sous des formes diverses. Ces œuvres latines qu’adaptent les auteurs français des années 1300-1550 sont pour une part des œuvres antiques et médiévales qui ne sont pas des traductions, et pour une part des traductions ou adaptations d’œuvres grecques, avec parfois plusieurs transferts linguistiques à partir du grec. Elles sont très diverses : des textes antiques (Ovide, Virgile, Boèce, Augustin, Darès…) jusqu’aux traductions humanistes latines d’œuvres grecques réalisées en Italie et aux Pays-Bas aux XVe et XVIe siècles, en passant par des œuvres latines médiévales originales (i. e. non des traductions, Vincent de Beauvais, Troisième Mythographe du Vatican, Pétrarque, Boccace, l’auteur du Rudimentum novitiorum…), des traductions latines du français (Guido delle Colonne) et des traductions arabo-latines et arabo-hispano-latines (Aristote, Dits moraux des philosophes…).
Les auteurs en langue française héritent ainsi de réceptions antérieures diverses, qu’ils s’approprient et transforment, poursuivant le processus d’invention de représentations de la Grèce ancienne. Comme les manuscrits et les imprimés de leurs nouvelles traductions sont souvent très illustrés, les artistes offrent dans le même temps des traductions visuelles qui elles aussi s’appuient sur des sources diverses et des réceptions antérieures et donnent à voir de nouvelles images de la Grèce ancienne. La question de la réception de l’Antiquité grecque sera donc explorée par une entrée différente de celle qui a été adoptée jusqu’à présent et qui a consisté en l’étude de la transmission directe des œuvres grecques.
Dans le corpus de nouvelles traductions/adaptations en français des années 1300-1550 qui ont trait à la Grèce ancienne, à son histoire, ses héros, ses auteurs et leurs œuvres sans être des traductions directes d’œuvres grecques, il s’agira ainsi d’étudier les origines multiples et le syncrétisme des connaissances dont disposent les auteurs et les artistes, ainsi que les modalités de leurs appropriations et de leurs transformations. On analysera comment cette transmission de savoirs déjà porteurs d’interprétations diverses est avant tout une circulation et une création de représentations, et comment l’élaboration d’images de la Grèce ancienne contribue à l’invention d’une mémoire culturelle offerte à de larges publics laïcs par la double voie du texte et des images.
Le corpus d’études (textes et images dans les manuscrits et les imprimés) sera ainsi constitué :
-les traductions/adaptations en français d’œuvres latines antiques et les images de la Grèce ancienne qu’elles véhiculent, notamment les traductions des œuvres d’Ovide, de la Consolation de Philosophie de Boèce, de la Cité de Dieu d’Augustin, du De excidio Troiae historia de Darès le Phrygien…
-les retraductions en français d’œuvres médiévales latines qui sont des traductions du français, comme celles de l’Historia destructionis Troiae de Guido delle Colonne.
-les traductions/adaptations en français d’œuvre médiévales latines qui ne sont pas des traductions, et parmi les plus diffusées celles de Vincent de Beauvais (héritier d’Hélinand de Froidmont), de Boccace, de Pétrarque, mais aussi bien d’autres textes ; les images de la Grèce ancienne que les œuvres médio-latines offrent et celles que leurs adaptations en langue française transmettent, fidèles ou infidèles.
-les premières traductions indirectes d’œuvres grecques, par l’intermédiaire de traductions latines, arabo-latines ou arabo-hispano-latines (les traductions françaises des œuvres éthiques et politiques d’Aristote, les Dits moraux des philosophes…)
-à partir du XVe siècle, les traductions françaises d’œuvres grecques par l’intermédiaire des traductions latines des humanistes d’Italie et des Pays-Bas. Particulièrement les traductions indirectes de Xénophon, Plutarque, Thucydide, Diodore de Sicile, Lucien, Homère, Euripide à partir des traductions de Poggio Bracciolini, Leonardo Bruni, Lorenzo Valla, Guarino Veronese, Pier Candido Decembrio et d’Erasme.
Comment les traducteurs humanistes en latin des œuvres grecques, puis les traducteurs en français de ces traductions latines présentent-ils leur entreprise de traduction ? Quelles images donnent-ils (eux et les illustrateurs des manuscrits et imprimés de leurs œuvres) des auteurs et des œuvres grecques, et de la Grèce ancienne dans les œuvres qui traitent de son histoire et de ses personnages ? Quelles évolutions voient le jour dans la réception de la Grèce ancienne ?
-les traductions dans d’autres langues vernaculaires européennes, aux XVe et XVIe siècles, des traductions humanistes latines d’œuvres grecques. Des analyses sur les nouvelles traductions indirectes, à partir du latin, notamment de Xénophon, de Plutarque, de Thucydide, de Diodore de Sicile, de Lucien, qui sont écrites dans les autres langues romanes et dans les langues anglaise et germanique, permettraient de comprendre les points communs et les différences de traduction et de réinterprétation dans plusieurs domaines culturels européens, les divers infléchissements donnés aux œuvres grecques et aux images de la Grèce ancienne, les différents usages de ces traductions, les différents types de manuscrits et d’imprimés, dans leur matérialité et leurs illustrations.
Les articles issus des contributions seront publiés chez Brepols dans la collection « Recherches sur les Réceptions de l’Antiquité » :
http://www.brepols.net/Pages/BrowseBySeries.aspx?TreeSeries=RRA
Les frais de déplacement et d’hébergement seront pris en charge selon les modalités de l’Université de Lille. Contact : Catherine Gaullier-Bougassas
Les propositions sont à adresser (titre et quelques lignes de présentation) à Catherine Gaullier-Bougassas avant le 15 décembre 2021 à l’adresse suivante : catherine.bougassas(at)univ-lille.fr
Source : Agrelita