Publication – « Le Cartulaire de la léproserie d’Évreux », éd. Bruno Tabuteau
« Des sources écrites de l’histoire médiévale, il en est peu qui aient été autant citées, compulsées, exploitées, voire labourées, que le cartulaire », a-t-on pu affirmer en avant-propos des actes de la table ronde de l’École des Chartes et du CNRS sur Les cartulaires, parus en 1993. Tant il est vrai que ces précieuses compilations d’actes souvent perdus par ailleurs, renseignent ô combien l’historien sur l’institution productrice en son temps ! Il n’empêche que les publications de tels documents « phare » de la médiévistique ne sont pas légion. Elles demeurent même d’une extrême rareté depuis le XIXe siècle en ce qui concerne les cartulaires d’établissements hospitaliers. Or, rien que pour les léproseries ou maladreries, en France, nous conservons aujourd’hui vingt-cinq cartulaires, dont sept, près d’un tiers de l’ensemble, sont normands. Quelques éditions critiques, depuis la fin des années 1970, ne sont pas sorties de la confidentialité des « tapuscrits » de thèses de doctorat. Dans ces conditions, la publication par le CAHMER, dans le présent volume de sa collection Histoire Médiévale et Archéologie, de l’édition intégrale d’un authentique cartulaire de léproserie du milieu du XIIIe siècle, en l’espèce celui du prieuré de Saint-Nicolas d’Évreux, revêt un caractère tout à fait exceptionnel. Et il ne s’agit pas, en l’occurrence, d’un recueil d’actes ou de chartes mêlant ceux d’un cartulaire, ni d’un cartulaire factice dans l’esprit de l’érudition ancienne. Le cartulaire de la léproserie d’Évreux est ici, en soi, monumentum, à la fois outil mémoriel de par l’ordre hiérarchique des chartes transcrites, à commencer par celle du roi Philippe Auguste, et surtout, de par la nature presque exclusivement patrimoniale de ces chartes, recueil conservatoire de titres, instrument d’administration de la maison, de gestion et de défense de son temporel pour l’essentiel constitué. Durant plus d’un siècle, d’environ 1137 à 1255, à l’échelle de l’Évrecin et alentour et dans la sphère d’intérêt et d’activité d’une léproserie organisée, établissement hospitalier et religieux d’une cité comtale et épiscopale normande, tout un peuple de laïcs et d’ecclésiastiques de tous rangs et générations s’y presse, tout un territoire s’y dessine, toute une vie économique, juridique et sociale s’y profile, parfois l’événement s’y invite. Le cartulaire brosse avantageusement un certain tableau d’une maladrerie à ses origines et dans son environnement. Souhaitons que cette première publication ouvre la voie à d’autres entreprises comparables, qui contribueront, à leur tour, à une meilleure connaissance de l’histoire locale médiévale, gage d’un savoir affiné sur l’époque en général, et au progrès nécessaire de l’histoire hospitalière notamment. »
Table des matières :
Hommage au médiéviste Jean Richard.
. Avant-propos de J. Schwerdroffer.
. Remerciements.
. Introduction :
. Le cartulaire de Saint-Nicolas : contextes historique et archivistique. Description.
. Considérations sur la destination du cartulaire de Saint-Nicolas.
. Commentaire sur la constitution du temporel de la léproserie d’Évreux à la lumière de son cartulaire. Cartes.
. Actes du cartulaire du prieuré-léproserie de Saint-Nicolas d’Évreux : table chronologique, édition.
. Instruments bibliographiques et cartographiques pour l’édition.
. Indices latinorum actorum : Index nominum, Index rerum
Informations pratiques :
Le Cartulaire de la léproserie d’Évreux, éd. Bruno Tabuteau, CAHMER, 2021 (Histoire Médiévale et Archéologie). Prix : 20 euros.
Source : CAHMER