9 et 10 Septembre 2021
L’Institut des langues et littératures romanes de l’Université de Zurich organise la onzième édition du Dies Romanicus Turicensis. Cet événement s’adresse en priorité aux jeunes chercheurs spécialisés dans les disciplines romanes (linguistique, littérature et études culturelles) et offre la possibilité d’échanger sur le plan scientifique dans le cadre d’un colloque international.
La situation sanitaire actuelle liée à la propagation de l’épidémie du coronavirus a entraîné de profondes transformations dans les différentes formes de relations que nous entretenons avec autrui. La distanciation sociale comme manifestation du (non) contact ou de l’absence constitue un défi de taille dans le champ académique des sciences humaines et sociales. La consolidation des nouveaux espaces de circulation et d’échanges scientifiques, que l’on observe notamment dans les études romanes, permet l’émergence de nouvelles méthodes et perspectives dans le domaine de la linguistique, de la littérature et des études culturelles.
Dans son texte « La invención de una epidemia » (« L’invention d’une épidémie »), Giorgio Agamben s’interroge sur les répercussions sociales de la Covid-19 et met en garde contre le déclin des activités productives et des échanges culturels, qui pourrait s’expliquer par « la peur d’être contaminé au contact des autres » (« el temor a contagiarse de otros » (2020 : 17). Les divers clivages susceptibles d’en découler et la manière dont ils peuvent être surmontés exigent une analyse rigoureuse des pratiques de communication orales, textuelles et matérielles, examinant dans quelle mesure ce lien à distance peut être abordé dans les espaces traditionnels de convergence et de contact comme celui de la Romania. À la lumière de cette constellation critique et à partir des concepts clés de l’absence et de la présence (Absentia et Praesentia), la onzième édition du Dies Romanicus Turicensis invite les jeunes chercheurs à envoyer leurs propositions de contribution portant sur des thèmes récurrents tels que le contact et la créativité linguistiques, l’appropriation et la contamination textuelles, l’inter- et la transmédialité, mais aussi des contributions sur des phénomènes plus récents impliquant une interaction virtuelle (langage télématique, littérature numérique et podcasts).
Thèmes de recherche dans le domaine de la linguistique :
- La présence ou l’absence d’un ou de plusieurs traits phonétiques, morphologiques ou syntaxiques (et influence sur le système) ;
- L’étude de variétés linguistiques qui n’ont pas été examinées ni décrites, et pour lesquelles on ne dispose pas encore de grammaires ni de dictionnaires, contrairement à celles qui ont déjà fait l’objet de descriptions exhaustives et documentées (comparaison de traits déjà traités avec ceux pour lesquels une description est en attente) ;
- La présence ou l’absence de variation et de normes linguistiques, de langues par élaboration ;
- L’étude des contacts linguistiques et l’importance de la présence ou de l’absence d’un ou de plusieurs traits pour déterminer leur évolution ;
- L’étude linguistique diachronique et synchronique et la disparition ou l’apparition de traits structurels dans une variété ;
- L’importance de la présence ou de l’absence dans la reconstruction étymologique et dans la grammaire historique comparative et reconstructive;
- L’effet du déclin ou de l’apparition de nouvelles formes sur le lexique général d’une langue ; créativité linguistique (particulièrement dans un contexte bilingue ou multilingue) ;
- L’impact de la présence ou de l’absence d’un signifiant dans le domaine de la pragmatique ;
- L’influence de la pandémie sur la langue (la signification des nouvelles mesures de protection pour la recherche linguistique et les propositions pour de nouveaux modèles de recherche ; la refonctionnalisation d’éléments lexicaux; la création de nouvelles unités linguistiques; les nouvelles technologies qui favorisent les interactions intersubjectives, de même que les implications de telles technologies, etc.).
Thèmes de recherche dans le domaine de la littérature et des études culturelles :
- L’étude de l’intertextualité et des phénomènes de réception (types d’interaction avec l’auctoritas ; présence et absence de modèles; théorie et pratique de l’aemulatio et de l’imitatio; etc.) ;
- Le thème du silence et les techniques rhétoriques qui lui sont associées (praeteritio, ellipses narratives, phénomènes d’accélération, ineffable, deus ex machina, etc.) et inversement de l’éloquence ;
- La présence et l’absence sur le plan narratif (différents degrés de présence ou d’absence dans le texte d’un auteur réel ou implicite, d’un narrateur, et différentes combinaisons possibles) et l’impact éditorial (par exemple dans le cas d’Elena Ferrante) ;
- La présence et l’absence en tant que thèmes littéraires (la disparition, le deuil, la nostalgie, la méditation, le motif romantique de la solitude, la dualité de la vie et de la mort, l’invisibilité des personnages, etc.) ;
- L’écriture autobiographique et l’autofiction (différents degrés de présence/absence dans les événements narrés et à partir d’eux et décalage éventuel entre événements vécus et événements narrés) ;
- La construction du canon littéraire (intégrations et exclusions) ;
- La reconstruction philologique ;
- La matérialité du texte (techniques et choix typographiques de mise en page, rapport image-texte, ponctuation, etc.) ;
- L’absence et la présence d’acteurs et de structures culturels (maisons d’édition, revues spécialisées, intermédiaires intellectuels, traducteurs) au sein du système littéraire et répercussions sur la production littéraire ;
- La relation entre oralité, réalité extratextuelle et “médiation” de l’écriture et réflexion sur le rapport entre le mot et la vérité ;
- La théorie des mondes possibles en littérature (Marie-Laure Ryan, Thomas Pavel, Lubomir Doložel) et la complétude et l’incomplétude des mondes fictionnels, comment ils sont traités dans la critique littéraire (rapport entre l’univers référentiel et fictionnel ; opposition entre le monde fictionnel et le texte, qui essaye de le décrire, etc.);
- Le transvestisme comme ressource d’écriture et de représentation et comme présence dissimulée ;
- Le souvenir et la mémoire comme éléments constitutifs, vestiges et traces dans la littérature.
Les propositions de contributions doivent être envoyées sous la forme de résumés anonymes (comportant un titre, un résumé de 2000 signes maximum ainsi qu’une bibliographie) jusqu’au 20 février 2021 à l’adresse suivante : diesrom@rom.uzh.ch. Le nom et l’affiliation de l’auteur/e ainsi que le titre de la contribution devront figurer dans le courriel d’accompagnement. Les présentations dureront vingt minutes et seront suivies d’une discussion de dix minutes en séance plénière. Les contributions doivent être originales et ne peuvent pas avoir fait l’objet d’une publication. Le comité d’organisation sélectionnera les contributions qualitativement convaincantes en vue de les publier.
Comité d’organisation Martina Albertini, Larissa Binder, Stefano Bragato, Marguerite Dallas, Dayron Carrillo-Morell, Charlotte Defrance, Bárbara Garrido Sánchez-Andrade, Alberto Giudici, Antony Kussmaul, Stefano Negrinelli