Jusqu’où les pratiques de l’écrit se sont-elles professionnalisées au Moyen Âge et à l’époque moderne? La fonction sociale des scribes ou copistes est souvent symboliquement liée aux textes sacrés, en Occident comme en Orient. Mais la transmission des savoirs par l’écriture déborde le cadre religieux pour s’insinuer progressivement dans une multitude de milieux sociaux, où elle peut se situer dans des formes de marginalité. L’écrit ne supplante pas l’oralité, mais dialogue avec elle dans nombre de métiers jusqu’à l’époque moderne, malgré la diffusion des imprimés. Dans une perspective comparatiste menée à l’échelle des civilisations dites de l’écriture, ces contributions ont été rassemblées dans un espace centré sur la chrétienté occidentale et le monde islamisé de l’Inde au Levant, mais qui effleure l’Extrême-Orient et qui inclut la culture juive. Les «écrivants» peuvent être des transmetteurs (rawiya) ou des traducteurs insérés dans la République des Lettres, des maîtres soufis ou des poètes populaires, des prisonniers ou des artisans… Leur identité repose souvent sur différents métiers, ce qui trouble leur représentation, notamment dans l’iconographie. L’écrit s’insère également dans une culture matérielle qui génère des activités autour des textes, celle des relieurs, des peintres et enlumineurs, des illustrateurs. De ce fait, leur rôle essentiel peut-il être, dans les approches historiques et littéraires contemporaines, encore repoussé dans les marges?
Études réunies sous la direction d’Isabelle Bretthauer, Anna Caiozzo et François Rivière
Informations pratiques :
La plume et le calame. Entre Orient et Occident, les métiers de l’écrit à la marge, dir. Isabelle Bretthauer, Anna Caiozzo et François Rivière, Valenciennes, Presses universitaires de Valenciennes, 2020. 15,5 cm x 23 cm, 468 pages – broché 2020. ISBN-13 978-2-36424-061-2. Prix : € 24.
Source : Presses universitaires de Valenciennes & RMBLF