Proposition de session pour l’International Medieval Congress de Leeds (5-8 juillet 2021), suivie de la publication d’un dossier spécial dans une revue peer-review de littérature médiévale
La réflexion sur les noms propres est omniprésente dans la littérature du Moyen Âge : désireux d’arracher le patronyme à sa fonction d’identification pure, les poètes médiévaux semblent en effet vouloir lui offrir « une ‘remotivation’ phonique ou graphique qui n’a rien à voir avec son origine appellative » (Rigolot : 1977, p. 12). Plusieurs causes sont avancées par les spécialistes pour expliquer cet engouement onomastique : la tradition biblique de célébration du Nom de Dieu ; la perception antique du nom comme instrument heuristique et source de pouvoir ; la conviction, largement répandue au Moyen Âge, du caractère non arbitraire du signe linguistique et a fortiori du nom propre. Ce sont là autant d’hypothèses qui permettent d’analyser la sensibilité onomastique toute particulière de la littérature médiévale, depuis longtemps mise en lumière par la critique (cf. indications bibliographiques).
Dans le cadre du présent appel, nous sollicitons des communications consacrées à un aspect spécifique et encore peu étudié de la question : le travail sur la lettre appliqué à la réflexion onomastique dans la littérature médiévale en français. De l’épellation du nom de Marie dans les Miracles de Nostre Dame de Gautier de Coinci au don de la lettre H du poète T(h)ibaut à sa dame (H)Annes dans le Roman de la Poire, des anagrammes sur le patronyme de Guillaume de Machaut à l’épellation du nom du cheval Fauvel dans le roman éponyme, les exemples de jeux sur le nom propre menés dans une perspective lettriste sont légion. Nous accueillons aussi bien des études de cas, favorisant la lecture rapprochée et l’analyse de détail des jeux lettristes, que des réflexions plus amples, destinées à inscrire la pratique onomastique lettriste dans son contexte historique et à en examiner les enjeux culturels, intellectuels et symboliques.
Les propositions pour des communications de 20 minutes (en anglais ou en français) sont attendues pour le 15 septembre 2020 à l’adresse suivante : thibaut.radomme@unifr.ch Les organisateurs David Moos et Thibaut Radomme (Université de Fribourg – FNS) sélectionneront une série de propositions afin de constituer une session, qui sera soumise le 30 septembre 2020 au comité de sélection de l’IMC de Leeds (5-8 juillet 2021). La tenue de la session est évidemment conditionnée à son acceptation par le comité de sélection de l’IMC. Aucun financement n’est prévu par les organisateurs : pour toute proposition retenue, les frais de déplacement jusqu’à Leeds, de logement sur place et d’inscription à l’IMC sont à la charge de l’intervenant-e et/ou de son institution de rattachement. Une publication de la session est prévue dans une revue peer-review à l’issue de l’IMC : toute proposition de communication engage donc moralement son auteur-e à envoyer aux organisateurs la version écrite de sa communication pour le 1er septembre 2021.
L’organisation de la session s’inscrit dans le cadre du projet FNS « Jeux de lettres et d’esprit dans la poésie manuscrite en français (XIIe‑XVIe siècles) », dirigé par Prof. ord. Marion Uhlig (Université de Fribourg). <https://www3.unifr.ch/mediaevum/fr/recherche/projets/jeux-de-lettres.html>
Indications bibliographiques :
- Madeleine Jeay, Poétique de la nomination dans la lyrique médiévale. « Mult volentiers me numerai », Paris, Classiques Garnier, 2015.
- Adeline Latimier-Ionoff, Lire le nom propre dans le roman médiéval, Paris, Classiques Garnier, 2019.
- Florence Plet-Nicolas, La Création du Monde. Les noms propres dans le roman de Tristan en prose, Paris, Champion, 2007.
- François Rigolot, Poétique et onomastique. L’exemple de la Renaissance, Genève, Droz, 1977.