Université Palacký d’Olomouc
28-29 avril 2020
Ce colloque se propose d’envisager la question de l’ordre des mots en français oral et écrit par l’intermédiaire de la description des constituants à la périphérie de l’énoncé.
Loin de se borner à un ordonnancement canonique de type SVOX, l’énoncé s’organise autour d’un noyau syntaxique, verbal ou non, auquel peuvent s’adjoindre, en position frontale et/ou finale, des éléments de diverses natures.
Les études syntaxiques menées sur les constituants « pré-/post-noyau » montrent que ceux-ci présentent une variété de fonctionnements. Il peut s’agir en effet de « compléments circonstanciels », comme dans les exemples (1) et (2), mais aussi de compléments exerçant une fonction syntaxique valencielle, comme en (3) et (4) :
(1) en février 97, un accord a été signé avec les autorités pakistanaises (écrit)
(2) lorsque vous voulez vraiment être un artiste vous cherchez pas à produire mille tableaux dans l’année (oral)
(3) du pain aux olives est-ce que vous avez ? (oral)
(4) de lui elle dit pudiquement : « C’est quelqu’un qui a les pieds sur terre » (écrit)
La périphérie de l’énoncé peut également être occupée par des constituants n’entretenant pas de dépendance grammaticale stricte avec le verbe constructeur. De façon non exhaustive, on peut citer les termes d’adresse (5), les nominativus pendens (6), les dislocations avec reprise pronominale (7), les adverbes apportant notamment un commentaire sur l’énonciation (8), ou encore les « fausses subordonnées » (9) :
(5) Paula, j’ai une bonne nouvelle.
(6) les enfants tu apprends la patience ou tu craques (oral)
(7) la politique très vite je lui ai tourné le dos (oral)
(8) honnêtement la première fois qu’on lit un arrêt on comprend pas les trois quarts (oral)
(9) – et bien puisque tu t’y plais tant, reste ici pour l’éternité ! (écrit)
Enfin, le verbe accompagné d’autres éléments peut investir la zone finale de l’énoncé, comme c’est le cas dans les clivées (10) et les focus initiaux (11) :
(10) ce sont eux qui ont défendu d’abord euh les ouvriers (oral)
(11) c’était à quelle heure ? à huit heures c’était (oral)
Par cette rencontre, nous souhaitons faire avancer la compréhension du français oral et écrit et en particulier le rôle et la valeur des périphériques, dans la veine du travail de description amorcé par le projet Fracov[1].
Les communications, qui définiront et examineront les caractéristiques d’une configuration périphérique spécifique, s’inscriront dans le domaine de la syntaxe, quel que soit le cadre d’analyse retenu, et éventuellement de son interface avec la prosodie, sémantique ou pragmatique. Il est attendu que les contributions soient fondées sur des données quantitatives issues de corpus de français parlé et écrit. Les approches comparatives, typologiques ou diachroniques sont également les bienvenues dans la mesure où elles éclairent la cohérence de la pratique vernaculaire.
À l’issue du colloque, une sélection d’articles sera effectuée en vue d’une publication dans un numéro thématique de revue.
Conférenciers invités
Frédéric Sabio, Aix-Marseille Université
Piet Mertens, Université de Louvain (à confirmer)
Organisateurs
Fanny Lafontaine, Université Palacký d’Olomouc
Pierre Larrivée, Université de Caen Normandie
Florence Lefeuvre, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
Modalités de soumission des propositions de communication
Les propositions de communication comporteront un résumé de 400 mots précisant la problématique, l’hypothèse, les données et les principaux résultats, suivi d’une brève bibliographie. Elles sont à envoyer sans mention de l’auteur avant le 12 janvier 2020 à l’adresse électronique suivante : fanny.adamlafontaine@gmail.com
Merci d’indiquer dans l’objet du message « proposition de communication » et dans le corps du message le nom de l’auteur et son rattachement institutionnel.
Comité scientifique
Lotfi Abouda, Université d’Orléans
Christophe Benzitoun, Université de Lorraine
Gilles Corminboeuf, Université de Fribourg
Joseph Emonds, Université Palacký
Ondřej Pešek, Université de Bohême du Sud
Nathalie Rossi-Gensane, Université Lumière Lyon 2
Marie Skrovec, Université d’Orléans
Informations pratiques
• Date limite d’envoi des propositions : 12 janvier 2020
• Date de notification aux auteurs : 1er février 2020
• Dates de tenue du colloque : 28-29 avril 2020
• Lieu : Université Palacký, 10 Křížkovského, 779 00 Olomouc, République Tchèque
• Montant des frais d’inscription au colloque : à préciser
Bibliographie indicative
ASTÉSANO C., ESPESSER R. & ROSSI-GENSANE N. (2008), Quelques cas particuliers de détachement à gauche – ou la prosodie à l’aide de la syntaxe, Actes des 27èmes journées d’étude sur la parole, Avignon.
BENZITOUN C. (2006), Description morphosyntaxique du mot “quand” en français contemporain, Thèse de doctorat, Université Aix-Marseille 1.
BLANCHE-BENVENISTE C. (1996), Trois remarques sur l’ordre des mots dans la langue parlée, Langue française 111, 109-117.
BLASCO-DULBECCO M. (2006), Propositions pour le classement typologique de quelques détachements, L’information Grammaticale 109, 27-33.
BLASCO-DULBECCO M. (1999), Les dislocations en français contemporain : étude syntaxique, Paris, Champion.
CHAROLLES M. & PÉRY-WOODLEY M.-P., éd., (2005), Les adverbiaux cadratifs, Langue française 148.
CHAROLLES M. (2003), De la topicalité des adverbiaux détachés en tête de phrase, Travaux de linguistique 47, 11-51.
COMBETTES B. (1998), Les constructions détachées en français, Gap/Paris, Ophrys, coll. L’essentiel.
DEULOFEU J. (2005), The limits between syntax and discourse in the analysis of peripheral constituents: towards a solution in parallel architecture model of linguistic typology, Actes du symposium Interface Discours-Prosodie, Aix-en-Provence.
DOSTIE G. & LEFEUVRE F., éd., (2017), Lexique, grammaire, discours : Les marqueurs discursifs, Bibliothèque de Grammaire et de Linguistique (collection dirigée par O. Soutet), Champion.
EMONDS J. (2004), Unspecified Categories as the Key to Root Constructions, in Adger D., De Cat C. & Tsoulas G. (éds.), Peripheries: Syntactic Edges and their Effects, Kluwer Publishers, 75-120.
KARSSENBERG L. (2018), Il y a toujours un chameau qui tombe. Les multiples fonctions des clivées en il y a », Actes du Congrès Mondial de la Linguistique Française, Mons, Paris, ILF, EDP Sciences.
LARRIVÉE P. (2019), La syntaxe de la périphérie de la phrase et son analyse cartographique, dir. Neveu F., Proposition, Phrase, Énoncé, Paris, Éditions Iste, 209-223.
LARRIVÉE P. & LEFEUVRE F., éd., (2017), La Subordination en français vernaculaire, Langue française 196.
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VAN DEN EYNDE K., MERTENS P. & SWIGGERS P. (1998), Structuration segmentale et suprasegmentale en syntaxe. Vers un modèle intégrationniste de l’écrit et de l’oral, in Bilger M., Van Den Eynde K. & Gadet F. (éds.), Analyse linguistique et approches de l’oral. Recueil d’études offert en hommage à Claire Blanche-Benveniste, Leuven, Peeters, 33-57.
WILLEMS D. & MEULLEMAN M. (2010), il y a des gens ils viennent acheter de l’aspirine pour faire de l’eau gazeuse. Sur les raisons d’être des structures parataxiques en il y a, in Béguelin M.-J., Avanzi M. & Corminboeuf G. (éds.), La parataxe, structures, marquages et exploitations discursives, Berne, Peter Lang, 167-184.